L'ex-Premier ministre socialiste français Michel Rocard, ambassadeur chargé des négociations sur les pôles Arctique et Antarctique, s'est inquiété mardi à Buenos Aires de l'augmentation «vertigineuse» du tourisme en Antarctique.

«Le problème qui pointe, c'est le tourisme : parti de zéro il y a trente ans, il atteint les 55.000 personnes par an», a déclaré à la presse M. Rocard, qui participe dans la capitale argentine à la 34e réunion consultative sur le Traité de l'Antarctique.

«Il augmente de manière vertigineuse. Or, il est polluant. Comment peut-on limiter la pollution produite par le tourisme ?», a poursuivi M. Rocard, rappelant que les limitations déjà décidées pouvaient s'avérer insuffisantes.

Les signataires du Traité s'étaient engagés en 2009 notamment à limiter le nombre de personnes à terre à 100 à la fois.

En outre, «est-ce que la biodiversité est menacée sur telle ou telle espèce de baleines ?», s'est interrogé M. Rocard. «Il y a des pays qui continuent à braconner. Sommes-nous obligés d'augmenter le niveau de protection?».

L'ambassadeur a fait valoir que la France cherchait à élargir le nombre de pays ayant ratifié le Traité de l'Antarctique.

«Il y a beaucoup de gens pour faire le pronostic que nous aurons la pression pour lever l'interdiction des activités minéralogiques en Antarctique», a prévenu l'ancien chef de gouvernement.

«Si la France a entrepris le combat pour renforcer l'autorité politique du traité en élargissant le nombre de gens qui l'ont ratifié, c'est précisément pour résister à cela», a-t-il dit.

Les pays signataires doivent fêter, jeudi à Buenos Aires, les cinquante ans du traité de l'Antarctique.

Un protocole au traité, relatif à la protection de l'environnement en Antarctique, avait été signé en 1991, alors que M. Rocard était premier ministre français. Il a fait de l'Antarctique une réserve naturelle.