À moins que l'Amérique du Nord commence à exporter du gaz en Europe ou en Asie, l'industrie du gaz de schiste n'a pas d'avenir au Québec, compte tenu de son manque de rentabilité et des impacts négatifs qu'elle pourrait avoir.

C'est ce qui ressort des travaux du Comité d'évaluation environnementale stratégique (EES), lancé il y a trois ans et qui a publié son rapport final hier en fin de journée.

«Le prix très bas du gaz naturel sur les marchés nord-américains compromet la pertinence économique du développement de la filière du gaz de schiste et la possibilité de procéder à une redistribution juste et équitable de la plus-value tirée de l'exploitation», affirme-t-on dans le volumineux rapport.

Le principal impact négatif d'un éventuel déploiement de l'industrie serait une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES).

«Le développement à grande échelle de la filière du gaz de schiste au Québec pourrait affecter considérablement le bilan du Québec et compromettre l'atteinte des cibles de réduction de GES», estime le comité de l'EES.

Consommation d'eau peu significative

En revanche, la consommation d'eau de l'industrie ne serait pas significative, sauf dans certains cas. Dans les bassins des rivières Yamaska et Nicolet, dans un scénario de développement rapide, l'industrie pourrait consommer environ l'équivalent de 25% de la consommation de tous les autres usagers d'eau réunis. Dans le cas des rivières Bécancour et du Chêne, l'industrie consommerait plus que tous les autres secteurs réunis.

Ce nouveau rapport n'apporte pas d'éclairage original sur les risques de contamination de l'eau souterraine.

«La migration de gaz naturel vers les aquifères d'eau potable est un événement très rare, mais dont les conséquences peuvent être sérieuses», note-t-on.

«Relativement» peu toxiques

La plupart des produits utilisés par l'industrie sont jugés «relativement peu toxiques».

Cependant, huit composés présentent des potentiels de persistance, de bioaccumulation ou de toxicité. «Une attention particulière devrait être portée à la gestion de ces produits et il serait pertinent d'amorcer une recherche de produits de substitution», estime le comité.

Néanmoins, la contamination de l'eau souterraine «à travers des failles ou fissures causées ou accentuées par la fracturation hydraulique» demeure une «hypothèse controversée» qui «reste à confirmer ou infirmer par de nouvelles recherches».

Le comité estime aussi que la qualité de l'air ne serait pas compromise par la machinerie déployée, à condition que les moteurs les plus récents soient exigés.