Le ministère de l'Environnement a pour la première fois autorisé plus d'un puits de gaz de schiste dans un seul certificat, facilitant la procédure qui jusqu'ici demandait un certificat d'autorisation pour chaque puits.

La direction Centre-du-Québec du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) a accordé cette autorisation d'un nouveau genre en juin à la société Talisman.

«À l'intérieur d'un certificat d'autorisation, on autorisé six puits en dix ans, a dit Francine Audet, du MDDEP. C'est une démarche qui a été faite qui est différente du puits par puits.»

L'autorisation vaut pour la fracturation hydraulique de six puits qui seront forés à partir de la même plateforme de forage, dans la municipalité de Fortierville, dans Lotbinière.

C'est ce qu'on a appris hier au cours de l'enquête du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) au sujet du développement durable de l'industrie du gaz de schiste.

Mme Audet indique que l'autorisation du Ministère épouse celle accordée par la Commission de protection du territoire agricole, elle aussi pour une plateforme de laquelle seront forés plusieurs puits.

Talisman a fait une autre demande pour une plateforme multiforages dans la municipalité de Sainte-Gertrude, selon Vincent Perron, porte-parole de l'entreprise. Cette demande est encore à l'étude.

Cette nouveauté va dans le sens d'une plus grande efficacité dans le processus d'autorisation, ce que souhaite l'industrie.

Hier, la porte-parole de l'Association pétrolière et gazière du Québec, Hope Deveau-Henderson, a affirmé que la Pennsylvanie était un des États les plus efficaces dans l'autorisation des forages gaziers, avec un délai de 30 à 45 jours.

La réglementation de Pennsylvanie est toutefois en voie d'être resserrée à plusieurs égards, ont affirmé hier par téléconférence les responsables du Service de protection de l'environnement (DEP) de cet État.

Un nouveau projet de règlement sur le blindage des puits a été approuvé et sera soumis à la législature. Il fait suite aux incidents de contamination d'eau potable fort médiatisés qui ont eu lieu dans la région de Dimock, dans le nord-ouest de l'État.

Un autre projet de règlement a été rédigé après l'éruption d'un puits près de Pittsburgh, en juin dernier. Cette fois, on compte demander aux sociétés gazières d'installer deux barrières différentes empêchant le retour de gaz et de fluides pendant les forages.

À ce sujet, le ministère des Ressources naturelles (MRNF) a souligné qu'il s'inspirera également des meilleurs pratiques aux États-Unis, et pas seulement de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. «On est contents d'avoir entendu les gens de la Pennsylvanie et les mesures adoptées du point de vue des coffrages», a dit Jean-Yves Laliberté du MRNF.

Hier, le BAPE a entendu plusieurs experts tenter de cerner les risques de contamination de l'eau potable soit par le gaz, soit par les fluides de forage et de fracturation.

Selon les responsables de Pennsylvanie, la contamination est toujours due à des défauts dans la conception des puits. «Elle n'est pas associée à la fracturation, a dit Eugene Pine, du DEP de Pennsylvanie. On n'a aucun cas confirmé de contamination due à la fracturation elle-même.»

Selon un autre expert de l'industrie, l'hydrogéologue John Conrad, une étude portant sur 2400 fracturations dans le shale de Barnett au Texas, publiée au cours de l'été dans l'Oil&Gas Journal, montre que, dans le pire des cas, il reste toujours au moins 1000 mètres de roches imperméables entre les fissures créées par la fracturation et les points les plus profonds des sources d'eau potable souterraines.