Les dirigeants de l'UE ont entamé jeudi des négociations ardues pour tenter de boucler leur plan d'action sur le climat, qui veut mettre l'Europe en position de leader mondial contre le réchauffement de la planète tout en améliorant sa sécurité énergétique.

À l'ouverture de la réunion des chefs d'État et de gouvernement, les Européens n'avaient toujours pas trouvé d'accord sur le paquet climat. Les discussions entre les «sherpas» se sont poursuivies jusqu'à la dernière minute.

«Les négociations ne vont pas être faciles, et je ne peux pas dire si nous aurons un résultat», a prévenu d'emblée la chancelière Angela Merkel à son arrivée à Bruxelles. «Je ne suis pas très optimiste, les points de vue des uns et des autres sont encore très éloignés», a déclaré son homologue néerlandais Mark Rutte.

Pour le président français François Hollande, un accord est «en vue (...), car l'enjeu est majeur pour le monde et pour l'Europe, qui doit être exemplaire». «S'il n'y a pas d'accord» entre Européens, «comment convaincre les Chinois ou les Américains», a-t-il ajouté, dans la perspective de la conférence de Paris en 2015.

Le plan présenté par la Commission européenne s'articule autour de trois objectifs ambitieux pour 2030 : réduction de 40 % des gaz à effet de serre par rapport à 1990, part des énergies renouvelables portée à 27 % de la consommation et 30 % d'économies d'énergie. Mais ces deux derniers objectifs pourraient ne pas être contraignants et, à l'échelle de l'UE, pas de chaque État membre.

En outre, la cible en matière d'économie d'énergie pourrait être ramenée de 30 % à 27 %, selon le premier ministre finlandais Alexander Stubb, qui a plaidé pour un résultat «équilibré et juste».

Partage du fardeau

La question du partage du fardeau est centrale entre les pays les plus pauvres, principalement de l'est de l'Europe, qui dépendent encore largement des énergies fossiles comme le charbon, et les plus riches qui s'appuient sur le nucléaire ou sont déjà bien engagés dans la transition énergétique.

Les premiers réclament des compensations pour moderniser leur production d'électricité. La Pologne est à la tête de ce combat. Sa nouvelle première ministre, Ewa Kopacz, s'était dite prête début octobre à mettre son veto aux réductions draconiennes des émissions de Co2.

Le niveau d'effort de chacun sera déterminé par le critère du PIB par habitant. Mais, dans un contexte de budgets serrés, les riches rechignent à mettre la main à la poche.

Des mécanismes de soutien pourraient être créés, notamment un fonds alimenté par une petite partie (1 ou 2 %) des ventes de quotas d'émission, pour aider les plus pauvres à «moderniser leurs systèmes énergétiques».

De leur côté, l'Espagne et le Portugal exigent de meilleures interconnexions avec les réseaux énergétiques européens. Pour Madrid et Lisbonne, qui menacent eux aussi de bloquer un accord, on ne peut pas demander des objectifs contraignants sur le climat s'il n'y en a pas pour les interconnexions.

Les Espagnols attendent des financements dans le plan Juncker, a indiqué une source diplomatique. Ce sujet, très sensible depuis des années entre Madrid et Paris, est en train d'être «dépassionné», assure une source française.

L'amélioration des interconnexions fait partie des outils pour accroître l'indépendance énergétique de l'UE, un enjeu rendu encore plus crucial par la crise en Ukraine et les menaces sur l'approvisionnement en gaz russe.

Vendredi sera consacré à l'économie et aux moyens de doper la croissance, deux jours après l'investiture de la Commission Juncker, dont la priorité majeure, la lutte contre le chômage, s'appuie sur un plan d'investissement de 300 milliards d'euros (426 milliards de dollars) que Jean-Claude Juncker s'est engagé à présenter «avant Noël». Cette discussion, entamée à 28, sera suivie d'un mini-sommet de la zone euro.