Les États insulaires d'Océanie, réunis mercredi et jeudi à Koror, en Micronésie, pour le 45e Forum des Îles du Pacifique, lancent un nouvel appel de détresse aux pays industrialisés, car ils sont de plus en plus menacés par la montée des eaux.

Chaque année, ils se retrouvent dans l'un des 16 États de cet immense océan, et constatent chaque année que la situation a empiré.

Au Vanuatu, un village a déjà été déplacé, un aéroport est inutilisable à marée haute et des routes sont menacées. La hausse du niveau de la mer se combine avec des tempêtes plus fréquentes et plus puissantes.

«Au début de l'année, de grosses vagues ont frappé les maisons et l'hôtel le plus important sur l'île principale... Si on ne parvient pas à sauver les îles, on ne sauvera pas la planète, parce que sauver les îles est le premier pas», a affirmé à l'AFP Enele Sopoaga, premier ministre de Tuvalu.

Les Îles Palaos ont subi pour leur part deux gros cyclones en deux ans, ce qui n'était pas arrivé depuis 20 ans. Pour Marine Gouezo, biologiste marin au Palau International Coral Reef Center, c'est aussi «une conséquence directe du réchauffement climatique».

«On est parvenus à un point où on dit: il ne s'agit pas simplement de parler du déplacement des populations. Il s'agit d'adresser ce problème à ceux qui provoquent la montée des eaux», estime Tommy Remengeseau, président des Îles Palaos.

Car si les petits États insulaires sont les premières victimes de cette hausse du niveau des mers, ce sont les pays développés qui en sont responsables, à travers la pollution qu'ils génèrent, soulignent-ils.

Ces chefs d'État demandent donc aux nations industrialisées des efforts environnementaux, mais aussi des aides pour préserver ce qui est menacé, voire réparer ce qui est déjà détruit.

À Nauru, les 10 000 habitants veulent ainsi reconstruire les lignes de côtes qui ont été perdues. «On les redessine, et on bâtit aussi des digues, tout ce qui peut permettre de nous protéger», explique son Président, Baron Waqa.

Ces gouvernements craignent le déplacement de leur population, mais aussi la fin de leurs terres et de leur culture. Pour eux, le processus est en marche, mais il n'est pas acceptable par les Océaniens.

Le président palauan résume cette souffrance, la rage dans la voix: «Je pense que si vous posez cette question à notre population, la plupart vous diront: 'Nous sommes nés ici, nous vivons ici, et nous mourrons ici'».