Le gouvernement fédéral a rétroactivement révisé à la hausse les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada, qui ont bondi de 692 à 701 mégatonnes pour l'année 2010. Une différence qui découle d'une nouvelle méthode de calcul mise au point par Statistique Canada.

Le dernier Inventaire national, un rapport annuel produit par Environnement Canada, est apparu hier sur un site web des Nations unies. On y apprend que les émissions canadiennes de GES ont totalisé 702 mégatonnes en 2011, une légère hausse par rapport à l'année précédente.

Mais c'est surtout les émissions de l'année 2010 - 701 mégatonnes, selon le rapport - qui attirent l'attention. Selon l'Inventaire national publié l'an dernier, les émissions de cette même année étaient de 692 mégatonnes.

La différence de neuf mégatonnes est plus grande que la totalité des émissions de l'aviation domestique au Canada. Selon une source gouvernementale, elle s'explique par une nouvelle méthode de calcul utilisée par Statistique Canada.

La différence est attribuable à la manière dont on calcule la consommation de gaz naturel par l'industrie pétrolière et gazière.

«Cette révision est surtout due aux raffinements dans les données profondes sur l'énergie et elle réfléchit des mises à jour de la consommation de gaz naturel dans l'exploitation de pétrole et de gaz», peut-on lire dans le rapport.

Une baisse malgré la révision

Appliquée aux années antérieures, cette méthode va tantôt améliorer, tantôt détériorer le bilan canadien. La plus grande différence est observée en 2010 dans trois secteurs spécifiques: la production de gaz naturel, le raffinage ainsi que l'extraction et la transformation des sables bitumineux.

Le ministre de l'Environnement, Peter Kent, a fait valoir qu'en dépit de la révision, les émissions canadiennes ont baissé sous son gouvernement conservateur.

«Sous le précédent gouvernement libéral, les émissions ont augmenté à un rythme ahurissant de 30%, a-t-il dénoncé dans une déclaration écrite. Nous sommes le premier gouvernement de l'histoire canadienne à avoir réduit les émissions de GES.»

Le gouvernement Harper s'est retiré du protocole de Kyoto, qui engageait le Canada à réduire ses émissions de GES de 6% par rapport au niveau de 1990. Il a plutôt adopté les cibles moins contraignantes du sommet de Copenhague, qui prévoient une baisse de 17% par rapport au niveau de 2005.

Cibler les sables bitumineux

Pour atteindre cette cible, le gouvernement Harper privilégie une approche dite «sectorielle». Il réglemente les émissions dans chaque secteur industriel.

Il a jusqu'ici imposé des normes plus strictes aux producteurs d'électricité et au secteur du transport, responsable de la plus grande quantité d'émissions. Mais il n'a toujours pas serré la vis à l'industrie pétrolière et gazière, la source de GES qui connaît la plus forte croissance au pays.

C'est ce qui fait dire aux écologistes que le gouvernement Harper est en voie de rater ses propres objectifs climatiques. Surtout que la production des sables bitumineux est appelée à doubler d'ici 2020.

«L'augmentation des GES en provenance des sables bitumineux est en train d'annuler toutes les autres réductions au Canada, a dit le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin. C'est aussi simple que cela.»