La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est dite dimanche très optimiste pour trouver un accord avec l'Inde sur la lutte contre le réchauffement climatique, mais New Delhi refuse de se faire imposer une réduction de ses émissions de carbone.

«Je suis très confiante: l'Inde et les Etats-Unis pourront mettre sur pied un projet qui modifiera spectaculairement la manière dont nous produisons, consommons et préservons l'énergie», a déclaré Mme Clinton devant la presse à New Delhi, au troisième jour de sa visite en Inde.

Washington espère un accord international en décembre à Copenhague au cours de la conférence de l'ONU sur le réchauffement climatique, un dossier qui divise les pays industrialisés et les puissances émergentes.

L'Inde, comme la Chine, refuse de s'engager sur des réductions chiffrées d'émissions de CO2 dans un traité international.

«Il n'y a simplement aucune raison que nous soyons sous pression pour réduire nos émissions, alors que nous avons le plus faible taux (d'émissions) par habitant», a fustigé le ministre indien de l'Environnement Jairam Ramesh, avec lequel Mme Clinton a assuré avoir eu des entretiens «très fructueux».

«Nous ne sommes tout simplement pas en position d'avoir des objectifs de réductions d'émissions (qui) nous lieraient juridiquement», a-t-il prévenu.

Il y a dix jours, le G8 s'est engagé à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 50% en 2050 et celles des pays industrialisés de 80% par rapport à 1990 ou «une année plus récente», mais il n'a pris aucun engagement intermédiaire comme le réclamaient les pays émergents. Ces derniers ont reconnu, comme le G8, la nécessité de limiter le réchauffement mondial à 2°C.

L'Inde, troisième pollueur de la planète, redoute que la lutte contre le réchauffement n'entrave sa forte croissance économique et elle rejette sur les pays riches la «responsabilité historique» du changement climatique.

«Les Etats-Unis ne font et ne feront rien qui puisse juguler le développement économique de l'Inde», a assuré la chef de la diplomatie américaine accompagnée de son émissaire spécial pour le changement climatique, Todd Stern.

A Bombay samedi, elle avait rappelé que le président Barack Obama commençait à agir sur le climat, au contraire de George W. Bush, qui avait fait «commettre des erreurs» aux Etats-Unis.

Mme Clinton est en Inde jusqu'à mardi.

Son voyage vise à renforcer le partenariat avec la dixième puissance économique mondiale, devenue un acteur majeur sur les questions de prolifération nucléaire, du climat ou de la libéralisation du commerce. Des frictions indo-américaines avaient fait capoter en 2008 les négociations du cycle de Doha de l'Organisation mondiale du commerce.

Lundi, Mme Clinton discutera avec le Premier ministre indien Manmohan Singh et son homologue S.M. Krishna, de terrorisme, de l'Afghanistan et du Pakistan qui inquiètent au plus haut point New Delhi.

A cet égard, l'Américaine a salué «l'engagement» du Pakistan --allié des Etats-Unis-- à combattre le terrorisme, tout en prévenant que les auteurs des attentats de Bombay en novembre devaient être jugés et punis.

Ces attaques, imputées par l'Inde à des islamistes pakistanais, ont provoqué le gel du processus de paix amorcé en 2004 entre les deux puissances atomiques.

En matière de nucléaire civil, on pourrait connaître lundi deux sites choisis par l'Inde pour des centrales américaines. Les deux pays sont liés depuis octobre par un accord dans le nucléaire civil, consacrant leur rapprochement historique après les tensions de la Guerre froide et lors des essais atomiques indiens de 1974 et 1998.