Le gouvernement Couillard change les règles du jeu en confiant l'analyse du dossier de Pétrolia à un comité d'experts indépendants, dénonce l'Association pétrolière et gazière du Québec.

L'organisme s'insurge contre la décision de Québec de faire appel à un «comité bidon» pour contre-vérifier son analyse des forages par fracturation hydraulique sur l'île d'Anticosti.

«En rajoutant un comité à la fin, qui semble être une autre haie à franchir, nous comme industrie on considère que dans le cas de ce dossier, le gouvernement semble modifier les règles du jeu», dénonce le porte-parole de l'Association, David Lefebvre.

Il craint que cette mesure inusitée envoie un signal négatif aux investisseurs. Plusieurs risquent d'hésiter à placer leur argent au Québec, dit M. Lefebvre, de crainte que le gouvernement change de cap dans d'autres projets industriels.

«Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les investisseurs et ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'ensemble du développement industriel au Québec», dit M. Lefebvre.

La Presse rapportait jeudi que Québec a soumis la demande de forer trois puits par fracturation hydraulique à un comité de trois experts indépendants. Cette procédure inhabituelle risque de retarder encore davantage le processus règlementaire, selon Pétrolia.

À l'Assemblée nationale, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a accusé le gouvernement Couillard d'avoir créé une « patente » qui vise à bloquer l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti.

Aux yeux du chef caquiste, cette nouvelle analyse externe prouve que le premier ministre Philippe Couillard cherche à mettre « des bâtons dans les roues » de Pétrolia.

«On dirait qu'il a peur qu'on trouve du pétrole, qu'il a peur qu'on s'enrichisse», a ironisé M. Legault jeudi matin.

Le Parti québécois rappelle pour sa part que Philippe Couillard a déclaré en février que les fonctionnaires obéiront aux ordres du gouvernement lorsqu'ils se prononceront sur les demandes d'autorisation pour les forages pétroliers de l'île d'Anticosti. Pour le député péquiste Alain Therrien, le comité d'experts répond clairement à une commande politique du gouvernement.

«La commande, c'est de faire en sorte de mettre des bâtons dans les roues de ce projet-là pour ne pas qu'il ait lieu parce que le premier ministre, c'est ce qu'il a voulu au départ», a dénoncé M. Therrien.

Le ministre de l'Environnement, David Heurtel, a défendu sa décision. Selon lui, la demande de Pétrolia doit être étudiée rigoureusement en raison des impacts possibles de la fracturation hydraulique sur Anticosti.

«On parle de fracturation hydraulique, quelque chose qui est très technique, a indiqué M. Heurtel. Si on peut avoir accès à des expertises indépendantes pour s'assurer que notre travail est bien fait, je ne vois pas c'est quoi le problème là.»

Hydrocarbures Anticosti, le consortium dont fait partie Pétrolia, a mené des sondages stratigraphiques l'été dernier. Il prévoyait mener trois sondages par fracturation hydraulique cet été pour confirmer le potentiel pétrolier de l'île.

L'entreprise dit avoir été victime de nombreux retards dans le traitement de sa demande de certificat d'autorisation dans les dernières semaines. Le premier ministre Philippe Couillard avait pris position contre l'exploration pétrolière sur Anticosti lors de la conférence de Paris sur les changements climatiques.

Pétrolia a annoncé il y a deux semaines le report des forages par fracturation hydraulique à 2017.