La manière dont les Québécois se déplacent et construisent leurs maisons devra être repensée pour permettre à la province d'atteindre les nouvelles cibles de réduction de gaz à effet de serre (GES) que le gouvernement Couillard a dévoilées jeudi.

Le ministre de l'Environnement, David Heurtel, a lancé une consultation pour doter le Québec de nouvelles cibles climatiques pour l'année 2030. Le gouvernement propose d'ici 15 ans de réduire les émissions de 37,5% sous le niveau de 1990.

« Nous devrons tous mettre l'épaule à la roue, a déclaré le ministre. C'est un effort mondial, alors tout le monde va devoir contribuer à cette cible de réduction. »

M. Heurtel a indiqué qu'il est « prématuré » de prédire avec exactitude de quelle manière les efforts de réduction des émissions affecteront le mode de vie des Québécois. Mais il a laissé entrevoir des changements majeurs dans plusieurs secteurs.

« Que ce soit le secteur agricole, le secteur des transports, le secteur de la construction, il y a beaucoup d'opportunités pour non seulement changer nos façons de faire, mais également des opportunités de développement économique », a-t-il souligné.

Il a rappelé que le secteur des transports est à lui seul responsable de 44% des émissions de GES du Québec. À cet égard, Québec déposera prochainement une nouvelle mouture de la stratégie d'électrification des transports, une idée lancée par le gouvernement Marois. 

Les déplacements en région, notamment dans le Grand Nord, devront être repensés, a ajouté M. Heurtel. Même l'aménagement des villes devra être revu pour faciliter le transport collectif.

Le ministre a également cité en exemple la construction. On pourrait notamment favoriser l'utilisation de technologies vertes comme la géothermie pour chauffer les maisons, a-t-il indiqué.

Plus tôt jeudi, le premier ministre Philippe Couillard a prévenu qu'il coûterait encore plus cher aux Québécois de rester les bras croisés devant la menace climatique.

« Il faut voir ça comme une occasion de faire un développement économique encore plus vigoureux et encore plus porteur à long terme, a dit M. Couillard. Il faut se souvenir aussi que le changement climatique non combattu comporte des coûts importants : pensez aux événements climatiques extrêmes, pensez à l'érosion des berges, pensez aux impacts sur la santé, par exemple. »

Pétrole

Le dévoilement des cibles survient à moins de trois mois de la conférence de Paris, un rendez-vous crucial dans les efforts internationaux de lutte aux changements climatiques.

Il survient aussi alors que le gouvernement libéral étudie la possibilité de développer l'industrie pétrolière sur l'île d'Anticosti.

Aux yeux du porte-parole d'Équiterre, Steven Guilbault, Québec ne pourra atteindre ses objectifs tout en autorisant le développement du pétrole de schiste sur son territoire.

« La classe politique canadienne et québécoise doit comprendre qu'il faut faire des choix, a résumé M. Guilbault. On ne peut pas espérer réduire nos émissions de GES de façon aussi importante qu'on le propose et continuer à développer les hydrocarbures. »

L'environnementaliste a participé au groupe de travail mis sur pied par Québec pour élaborer ses nouvelles cibles. Il a salué les nouveaux objectifs avancés par le gouvernement Couillard.

M. Guilbault convient que les Québécois doivent s'attendre à des changements. Mais ce n'est pas un «sacrifice», dit-il. Des pays scandinaves réussissent déjà à polluer à moitié moins que le Québec sans compromettre le niveau de vie de leurs citoyens.

« Je ne pense pas que les Suédois sont 50% moins heureux que nous le sommes parce qu'ils polluent à moitié moins », a-t-il illustré. 

Le gouvernement Couillard soumettra ses cibles de réduction de GES à une consultation en commission parlementaire cet automne.