Sans tambour ni trompette, Québec a autorisé l'agrandissement du plus gros dépotoir de la région de Montréal, celui de BFI à Terrebonne, en y permettant l'enfouissement de 7,1 millions de mètres cubes supplémentaires de déchets.

Le décret publié le 12 novembre dernier impose une diminution symbolique du tonnage annuel accepté.

Fixé à 1 290 000 tonnes en 2015, le tonnage doit baisser de 5000 tonnes par an pendant les quatre années suivantes. Depuis 2009, le lieu d'enfouissement pouvait recevoir 1,3 million de tonnes par année.

C'est dire que sur l'ensemble de la période de 10 ans, on assiste à une diminution totale de seulement 2%.

Selon Hector Chamberland, directeur général du site d'enfouissement, l'entreprise s'accommodera très bien de cette baisse. «C'est la continuation pour cinq ans», dit-il.

«Les volumes de déchets n'ont pas vraiment baissé dans la région de Montréal, poursuit-il. Et nous sommes le seul site sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal.»

Le dernier agrandissement annoncé en 2009 avait fait suite à des audiences du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

Mais cette fois, cette consultation n'était pas requise, explique le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques.

«Le décret [de 2009] prévoyait la réalisation d'une première phase d'exploitation de cinq ans, au terme de laquelle le promoteur pouvait demander une nouvelle autorisation gouvernementale pour la réalisation de la seconde phase de cinq ans», affirme-t-on dans une réponse écrite aux questions de La Presse.

Augmentation de la population

Selon le Plan d'action 2011-2015 du Québec sur la gestion des matières résiduelles, le tonnage de déchets envoyé à l'enfouissement devait baisser de 724 kg à 700 kg par habitant.

Mais cette tendance, même si elle était respectée, se bute à l'augmentation de la population, selon le Ministère. La décision tient compte de «l'évolution des projets de biométhanisation et des taux d'élimination projetés par personne jusqu'en 2020», assure-t-on.

Le Ministère n'a pas voulu indiquer si les autres grands dépotoirs de la région - à Sainte-Sophie, Lachute ou Saint-Thomas, près de Joliette - seront aussi agrandis.

Pour Karel Ménard, du Front commun québécois pour la gestion écologique des déchets (FCQGED), le gouvernement se prive d'une puissante mesure d'incitation en maintenant une haute capacité d'enfouissement.

«Les gros lieux d'enfouissement ont une surcapacité d'élimination, dit-il. L'offre d'enfouissement est là, et ça maintient les prix à la baisse. C'est une concurrence très forte pour les activités de recyclage et de compostage.»