Les environnementalistes ont perdu espoir envers le gouvernement fédéral et se tournent désormais vers les provinces pour forger une stratégie qui permettrait de se convertir aux énergies renouvelables et de s'attaquer aux changements climatiques.

Plusieurs groupes se rendront à Halifax cette semaine dans le cadre d'une démonstration de force, alors que les premiers ministres provinciaux se réuniront pour ajouter du poids à l'idée d'une stratégie énergétique pancanadienne lors de leur rencontre annuelle.

Certains de ces groupes environnementaux ont formé des alliances avec des organisations de travailleurs pour acheter des publicités et effectuer du lobbying auprès des premiers ministres pour s'assurer que les discussions sur l'énergie comportent des passages sur les changements climatiques, les réductions d'émissions et des investissements dans les énergies renouvelables.

Les groupes environnementaux affirment que le dialogue avec Ottawa est devenu si polarisé qu'il est grand temps de se tourner vers les premiers ministres provinciaux pour des échanges productifs.

Par ailleurs, Greenpeace dévoilera un rapport, lundi, qui se penche sur la relation entre Ottawa et Shell Canada au cours des années, et conclut qu'ils s'entendent très bien.

L'industrie a également les yeux rivés sur les premiers ministres, le Conseil canadien des chefs d'entreprise pressant les provinces de travailler de concert pour mieux promouvoir les ressources énergétiques canadiennes, en plus de s'assurer que cela est accompli de façon durable pour préserver l'environnement.

«Le risque dans l'avenir est que si nous continuons notre discussion nationale, en plaçant tous nos oeufs dans le panier pétrolier, nous risquons non seulement de graves impacts environnementaux, mais également de nous réveiller dans 10 ans et de nous rendre compte que le monde est passé à autre chose», a déclaré Gillian McEarchern, directrice adjointe de campagne pour Environmental Defence Canada.

Elle affirme par ailleurs que l'alliance environnementalistes-travailleurs appuie généralement le projet de la première ministre albertaine Alison Redford pour mettre sur pied une stratégie énergétique nationale.

Les militants veulent toutefois s'assurer que le plan de Mme Redford ne consiste pas uniquement à pomper le pétrole du sol albertain et de le vendre sur les marchés, mais examine également le rythme de développement des ressources pétrolières, ainsi que les investissements dans les énergies renouvelables, la conservation et la réduction des émissions.

Mme McEarchern dit croire que l'alliance peut compter sur le soutien des premiers ministres du Québec, de l'Ontario et de la Nouvelle-Écosse.

Du côté de chez Greenpeace, on affirme, en vertu de documents obtenus grâce aux dispositions de la Loi sur l'accès à l'information, que Shell Canada et le premier ministre Stephen Harper ont travaillé de concert pour faire campagne contre des règlements en Californie et en Europe qui pourraient nuire à la mise en marché du pétrole des sables bitumineux.

Le gouvernement fédéral n'a pas écarté l'idée de participer à une stratégie nationale sur l'énergie. En fait, un comité sénatorial majoritairement conservateur a détaillé cette semaine des recommandations pour une telle stratégie.