Un tribunal de Francfort (ouest) a décidé lundi après-midi de maintenir en détention le fondateur de l'organisation écologiste Sea Shepherd, Paul Watson, arrêté la veille dans l'aéroport de cette ville, afin d'examiner une demande d'extradition du Costa Rica.

M. Watson, de nationalité canadienne, a été interpellé en raison d'un mandat d'arrêt émis par San José et qui porte sur des faits datant de 2002, lors d'une campagne de Sea Shepherd contre la pêche aux requins, avait indiqué plus tôt à l'AFP le parquet de Francfort. Il est accusé d'avoir mis en danger un équipage costaricien lors de cette intervention en pleine mer.

«Mon client est consterné», a déclaré à l'AFP l'avocat de M. Watson, Oliver Wallasch à l'issue d'une audience d'une quarantaine de minutes au tribunal d'instance de Francfort. Il doit rester en prison jusqu'à ce que la demande du Costa Rica, qui veut le juger, soit examinée, «mais on ne sait pas combien de temps cela va prendre», a-t-il ajouté.

M. Watson, 61 ans, était en transit à Francfort et prévoyait initialement de se rendre en France pour y tenir des conférences, avant de revenir en Allemagne, a expliqué à l'AFP Olav Jost, un membre allemand de Sea Shepherd qui lui a tenu compagnie dans les premières heures de son arrestation à l'aéroport.

«Il était extrêmement surpris d'être arrêté, car il s'était déjà rendu en Allemagne et ailleurs en Europe sans problèmes par le passé», a ajouté ce volontaire de l'organisation, jugeant l'affaire «politique».

«C'est complètement aberrant. Il y a quelque chose de bizarre dans cette Europe. Il entre officiellement en France et ailleurs et en Allemagne on en fait tout une affaire, alors que même Interpol dit qu'il n'y a plus de cas Paul Watson», a déclaré à l'AFP le député vert européen Daniel Cohn-Bendit, l'un de ses proches.

«Je vais essayer d'intervenir auprès du gouvernement allemand pour tenter de débloquer la situation», a ajouté M. Cohn-Bendit.

Réputée pour ses coups de force contre des bateaux de pêcheurs, Sea Shepherd («Berger de la mer») est une organisation non gouvernementale consacrée à la protection des océans. Basée aux États-Unis, elle a été fondée en 1977, après le départ de M. Watson de Greenpeace.

Contesté pour ses méthodes, celui que les membres de l'ONG appellent affectueusement le «Capitaine» avait déclaré dans un entretien avec l'AFP en 2010 n'avoir de comptes à rendre qu'aux baleines ou aux phoques.

«La seule Marine qui défend les océans, c'est la nôtre», avait ajouté ce marin à l'épaisse chevelure et barbe blanches.

«Les lois (qui protègent certaines espèces) existent mais les États ne veulent pas les faire respecter. Ils ont peur des pêcheurs! Notre but est de protéger les océans, car, s'ils (les animaux marins) meurent, nous mourrons tous», avait-il ajouté.

Sea Shepherd a l'habitude de jeter du beurre rance à l'odeur pestilentielle sur les ponts des bateaux pour gêner les équipages et contaminer la viande, ou encore bloquer les hélices à l'aide de cordes. L'organisation n'a pas hésité non plus à éperonner en 1979 le baleinier Sierra, qui a coulé dans le port de Lisbonne.

Le Japon, pays toujours adepte de la chasse à la baleine, a qualifié par le passé ses méthodes de «terroristes».

M. Watson est accusé par le Costa Rica d'avoir violé le droit maritime lors du tournage du film documentaire Les Seigneurs de la mer (Sharkwater), qui dénonce la pratique du «shark finning» consistant à pêcher les requins pour leur couper et récupérer les ailerons puis à les rejeter à la mer.

Selon le site internet allemand de Sea Shepherd, l'incident a eu lieu au large du Guatemala et concernait un bateau de pêche costaricien, le Varadero, dont les membres d'équipage ont accusé l'organisation d'avoir voulu les tuer. Sea Shepherd affirme avoir des preuves du contraire en vidéo.