Barbie et Ken ont encore rompu: Ken ne digère pas que sa plantureuse blonde contribue à détruire les forêts tropicales humides. Ce scénario fantaisiste mis au point par Greenpeace accompagne une offensive mondiale lancée hier contre la célèbre poupée du fabricant Mattel, mais aussi plusieurs fabricants de jouets accusés de contribuer à la déforestation en Indonésie.

Il n'est pas content, Ken. Boudeur malgré son bronzage étincelant, le visage du célèbre partenaire de Barbie est accompagné d'un slogan-choc: «Barbie, c'est fini: je ne sors pas avec des filles qui pratiquent la déforestation.» Si la bannière, déployée hier après-midi sur la façade des bureaux de Mattel à Los Angeles par des militants de Greenpeace, est ludique, elle se veut aussi sérieuse.

Contre les emballages de jouets

Une étude de Greenpeace révèle en effet que l'emballage de la poupée contient une fibre issue des forêts tropicales humides de l'Indonésie, où vivent des espèces menacées, notamment le tigre de Sumatra et l'éléphant. Mattel n'est d'ailleurs pas la seule entreprise à nuire aux forêts tropicales humides, selon Greenpeace, qui vise aussi Hasbro, Disney et LEGO.

Cette enquête fait le lien entre Mattel et le géant Asia Pulp and Paper (APP), qui appartient au groupe Sinar Mas. APP a fait l'objet de plusieurs critiques pour son rôle dans la destruction de la forêt. «Selon nous, c'est inacceptable. On ne peut ignorer que la destruction de la forêt met plusieurs espèces animales en péril et joue sur les changements climatiques», s'indigne Mélissa Filion, responsable de la campagne Forêt de Greenpeace Montréal.

Hier, un petit film d'animation produit pour la campagne de sensibilisation est apparu sur YouTube, en français et en anglais. On peut y voir un Ken efféminé apprendre, photos des animaux menacés à l'appui, que sa Barbie est une «tueuse en série», une révélation qui lui arrache de forts hurlements.

Mattel s'est dite déçue hier d'être au coeur de critiques que Greenpeace compte bien répéter en Amérique du Nord, mais aussi ailleurs dans le monde. «On demande aux fabricants de jouets de nettoyer leur chaîne d'approvisionnement», dit Mélissa Fillion. Selon Greenpeace, au-delà de Barbie, c'est tout le secteur du jouet qui doit changer.

La poupée rose cédera-t-elle sous la pression? Hier, le Los Angeles Times a rappelé que les campagnes de Greenpeace ont déjà fait ployer McDonald's, Nestlé ou Unilever. Mais Barbie n'en est pas à sa première polémique. Accusée de reproduire les stéréotypes sexuels ou de vanter une minceur anormale auprès des petites filles, la poupée n'en reste pas moins populaire. Sur le réseau social Facebook, Barbie compte plus de 2,2 millions d'amis. Sa page ne pipe pas mot de sa prétendue rupture ni de ses vices écologiques.