Une quarantaine d'espèces de poissons de la Méditerranée seraient menacées et pourraient disparaître d'ici quelques années, affirme une nouvelle étude.

L'étude publiée mardi par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) précise que près de la moitié des espèces de requins et de raies dans la Méditerranée, tout comme une douzaine d'espèces de poissons osseux, sont menacées d'extinction par la surpêche, la pollution et la perte d'habitat.

Les prises commerciales de thon rouge de l'Atlantique, de bar commun, de merluche et de mérou sont particulièrement menacées, poursuit l'étude de l'organisation helvétique qui regroupe un millier d'organismes dans 160 pays.

«Les populations de thon rouge de l'Atlantique dans la Méditerranée et l'Atlantique oriental sont particulièrement inquiétantes», a dit Kent Carpenter, de l'IUCN.

Il évoque notamment l'effondrement des capacités de reproduction de ce poisson géant, après quatre décennies de surpêche intensive. Les Japonais consomment 80 pour cent des thons rouges capturés dans l'Atlantique et le Pacifique - ces deux espèces étant particulièrement prisées des amateurs de sushis.

La pêche dans la Méditerranée est encadrée par l'ONU, l'Union européenne et plusieurs lois adoptées individuellement par les 21 pays qui bordent le plan d'eau.

En novembre dernier, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique a voté pour réduire le quota de prises dans l'Atlantique oriental de 4 pour cent, de 13 500 tonnes métriques à 12 900 tonnes métriques. La Commission a aussi accepté un renforcement de l'application des quotas.

Les groupes écologistes, toutefois, souhaitaient une réduction beaucoup plus importante, voire une suspension, de la pêche au thon.

L'étude menée par l'IUCN, lancée en 2007 avec l'aide de 25 biologistes marins, représente la première tentative du groupe de s'intéresser aux espèces marines indigènes d'une mer entière.

L'étude blâme le recours à des chalutiers hautement efficaces et à des filets dérivants pour la capture et la mort accidentelles de centaines d'animaux marins n'ayant aucune valeur commerciale. Elle conclut toutefois, aussi, qu'il n'y a pas suffisamment d'information pour évaluer correctement près du tiers des poissons de la Méditerranée.

«Même si les ressources marines de la Méditerranée sont exploitées depuis des milliers d'années et relativement bien étudiées, les groupes pour lesquels les données manquent pourraient comprendre une grande proportion de poissons menacés», a ajouté l'étude, avant de réclamer de nouvelles enquêtes.

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture affirme de son côté que les populations mondiales de poissons continuent à reculer, en dépit des efforts pour encadrer les prises et lutter contre la surpêche.