Après des travaux évalués à plusieurs millions de dollars, la société Talisman Energy croit qu'elle a réussi à colmater la fuite de son puits de Leclercville, dans Lotbinière.

«On est contents des opérations qu'on a faites, elles donnent de bons résultats, mais l'expérience nous montre qu'il faut continuer de surveiller la situation», dit Stéphane Perreault, de Talisman, en entrevue avec La Presse.

«Il y a eu trois interventions sur le puits, dit-il. Il faut surveiller sur une bonne période de temps pour s'assurer que la pression se stabilise.»

En janvier, la société avait reçu des avis d'infraction pour n'avoir pas réussi à colmater sa fuite. Une semaine plus tôt, le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, avait fait une sortie contre l'industrie en affirmant qu'elle n'avait «pas le contrôle de la situation».

Il a donc fallu plusieurs semaines pour parvenir à colmater le puits «Leclercville 1» de Talisman.

Des injections de ciment ont été faites aux endroits où les fuites avaient été détectées. Pour cela, il fallait percer le tubage au bon endroit afin de pouvoir injecter le ciment, et cela, à 2000 mètres de profondeur.

«On parle de dépenses se chiffrant dans les millions, dit M. Perreault. Pour nous, ça fait partie des coûts inhérents à l'exploitation de nouveaux gisements. C'est important pour nous de comprendre ce qui se passe, si éventuellement on veut passer en phase d'exploitation.»

Les travaux de Talisman ont été surveillés par les inspecteurs du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP). Ces travaux avaient été autorisés le 9 décembre dernier.

«Les travaux correctifs ont été réalisés et la dernière phase semble avoir été concluante, dit Jean-Marc Lachance, directeur du Centre de contrôle environnemental de la région de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches. Ils font des injections aux niveaux où ils pensent avoir trouvé les fuites.»

«La dernière intervention semble avoir réglé la situation, dit M. Lachance. Ils font des tests de pression et les résultats semblent très bons. On va continuer de suivre la situation.»

Un problème différent à La Présentation?

Un autre puits, appartenant cette fois à la société Canbriam, a attiré l'attention ces dernières semaines.

Situé à La Présentation, sa fermeture a été ordonnée par la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Nathalie Normandeau.

Selon Paul Myers, président de Canbriam, le gaz qui s'échappe autour du puits n'a rien à voir avec le gisement de gaz de schiste, mais provient de poches de gaz proches de la surface qui peuvent avoir été perturbées par le forage. «Le gaz qu'on voit remonter n'a rien à voir avec la fracturation», dit-il.

Mais ce n'est pas l'avis du MDDEP. «Deux études démontrent que ce gaz est de source thermogénique provenant d'une formation en profondeur, affirme Émile Grieco, directeur du Centre de contrôle environnemental, région Estrie et Montérégie. Mais les résultats ne permettent pas de déterminer à quelle profondeur précisément.»

Y aurait-il lieu de demander des travaux semblables à ceux réalisés par Talisman? Comment s'assurer que la fermeture pure et simple du puits va régler le problème de migration de gaz, qui présente «un risque de problématique environnementale» ?

«Je ne peux pas répondre à cette question actuellement», répond M. Grieco.

Le BAPE suivi ou pas?

La Presse a demandé au MDDEP s'il était d'accord avec la fermeture du puits, ordonnée par le MRNF.

Dans son rapport rendu public le mois dernier, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) recommandait que la surveillance des forages gaziers soit transférée au MDDEP. Au moment de rendre public le rapport du BAPE, le ministre Arcand avait dit que le gouvernement approuvait l'essentiel des recommandations du BAPE.

«On a partagé les informations avec le MRNF et la décision a été annoncée par le MRNF, dit M. Grieco. L'avis ordonnant la fermeture a été envoyé par le MRNF.»