Le ministre fédéral de l'Environnement, John Baird, s'est dit heureux de l'accord conclu à la conférence des Nations unies sur le climat à Cancun, au Mexique, tandis que les écologistes ont poussé un soupir de soulagement même s'ils estiment que le Canada est désormais un pays marginalisé sur la scène internationale.

Les 193 pays réunis depuis le 29 novembre se sont entendus sur une série de mécanismes pour lutter contre le réchauffement climatique, dont un Fonds vert destiné à aider les pays en développement.

«Nous sommes venus ici, à Cancun, en mettant de l'avant un programme équilibré, et nous avons atteint notre objectif, a déclaré M. Baird. Cancun nous a permis de faire des progrès et d'obtenir des résultats qui reflètent les intérêts de la population canadienne et ceux des populations de chaque pays représenté ici, à Cancun.»

Le ministre a également fait mention de progrès dans le domaine de la déforestation et de l'établissement d'un mécanisme de transfert de technologies.

L'avenir du protocole de Kyoto, qui expirera fin 2012, était l'un des grands enjeux de la conférence. Les pays participants ont convenu de poursuivre les discussions sur le traité conclu en 1997, qui engage les pays développés à réduire de 5,2 pour cent en moyenne leurs émissions.

Ainsi, un an après l'échec de la conférence de Copenhague, la réunion visait à relancer le processus de négociations internationales. Mais jusqu'au tout dernier moment, le Canada s'est rallié à d'autres pays comme le Japon pour tenter de «tuer» le protocole de Kyoto, selon le coordonnateur de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, Patrick Bonin.

«Le Canada a été fidèle à lui-même pendant les deux semaines», a-t-il soutenu.

Même s'il a fait volte-face et a entériné l'entente, le Canada a tout de même perdu toute sa crédibilité et son influence sur la scène internationale, affirme M. Bonin.

Le porte-parole d'Équiterre, Steven Guilbeault, abonde dans le même sens. D'après lui, ce que l'on doit retenir sur le Canada à Cancun c'est qu'il a officiellement perdu sa place à titre de «joueur d'importance» parmi les autres pays de la planète.

«Nous sommes désormais un pays marginalisé et qui ne compte plus beaucoup et c'est ce qu'on a vu ici à Cancun, c'est ce qu'on a vu quand le Canada a perdu son siège au Conseil de sécurité. Or la rencontre de Cancun ne fait que confirmer cette tendance-là», a déploré M. Guilbeault, en entrevue téléphonique depuis le Mexique.

Mais les écologistes se disent néanmoins relativement satisfaits du travail accompli au Mexique puisque les pays ont réussi à rebâtir les ponts qui avaient été détruits l'an dernier à Copenhague.

De plus, disent MM. Guilbeault et Bonin, la conférence de Cancun a permis de préserver le protocole de Kyoto, ce qui est de bon augure pour la prochaine conférence de l'ONU sur le climat, qui aura lieu l'an prochain à Durban en Afrique du Sud.

Mais il reste du pain sur la planche, disent-ils. «On doit augmenter nos réductions d'émission de gaz à effet de serre puisque présentement, ce qu'il y a sur la table ne permet pas d'éviter les changements climatiques catastrophiques», a expliqué Patrick Bonin.

«Il ne faut pas laisser la température de la planète augmenter de tout au plus deux degrés Celsius», a quant à lui rappelé Steven Guilbeault, pour qui cet objectif représente le nerf de la guerre des négociations internationales sur le climat. «C'est une question fondamentale», a conclu l'écologiste.