Des travaux seront lancés d'urgence pour creuser le seuil de la rivière des Mille-Îles afin d'assurer l'approvisionnement en eau de quelque 400 000 personnes au nord de Montréal.

«Le peu de neige accumulée cet hiver ainsi que le peu de précipitations printanières sont à l'origine du niveau d'eau très bas de la rivière, a indiqué la ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP), Line Beauchamp. Si les prévisions d'un été chaud et sec se réalisent, les experts estiment que le débit de l'eau atteindra un seuil inférieur aux débits observés depuis 80 ans. Nous devons agir rapidement.»L'eau serait actuellement à un niveau comparable à ce qu'il serait à la fin d'un été particulièrement sec.Le seuil rocheux de la rivière des Mille-Îles sera creusé entre Deux-Montagnes et Laval. Le Conseil des ministres a adopté un décret pour soustraire les travaux au processus d'évaluation environnementale. Il y aura un appel d'offres sur invitation, et les travaux devraient commencer le 7 juillet.

Il y a cinq prises d'eau dans la rivière, qui alimentent 11 villes de la région. Depuis la fin du mois de mai, des interdictions d'arrosage sont en vigueur dans plusieurs villes. Il y a aussi 14 usines d'épuration qui rejettent les eaux d'égout traitées dans la rivière des Mille-Îles. Cependant, les égouts sont parfois rejetés sans traitement ou après un traitement incomplet. Normalement, le niveau de la rivière est maintenu par la gestion des barrages de la rivière des Outaouais. Cet apport d'eau fraîche permet de diluer la pollution. Mais cette solution est inefficace, puisque la majeure partie de l'eau de la rivière Outaouais s'échappe vers le fleuve Saint-Laurent.

Ces travaux, présentés comme une solution durable par la ministre Beauchamp, sont plutôt le résultat du laisser-aller des 10 dernières années, selon Guy Garand, du Conseil régional de l'environnement de Laval: «On n'a rien fait depuis 2001 pour empêcher la destruction des milieux humides et la canalisation des ruisseaux, qui accumulent et régularisent les eaux, dit-il. On ne fait rien pour préserver la plaine inondable. Pourtant, c'est comme ça que les rivières se rechargent. J'aurais aimé voir un décret là-dessus. Ou un décret pour empêcher la construction dans les trois grandes îles de la rivière des Mille-Îles. On est dans l'urgence, mais on manque totalement de cohérence.»

Même son de cloche sur l'autre rive: «C'est vrai qu'il y a urgence cette année, sauf que ce problème est connu depuis 2001, dit Martin Drapeau, militant écologiste de Boisbriand. L'urgence est un prétexte pour soustraire le projet au processus d'évaluation du BAPE, ce que je dénonce. Le gouvernement a manqué de vision, en particulier pour la protection des milieux humides.»