Avec des négociations sur le climat en souffrance depuis Copenhague, la Bolivie socialiste d'Evo Morales veut mobiliser la société civile pour la planète avec sa propre «Conférence mondiale» sur le réchauffement, aux accents altermondialistes et anticapitalistes.

Quelque 7 500 délégués, issus essentiellement de mouvements sociaux de plus de 100 pays, sont attendus à la «Conférence mondiale des peuples» sur le changement climatique prévue du 20 au 22 avril à Cochabamba, dans le centre de la Bolivie, selon le ministre des Affaires extérieures, David Choquehuanca.

Les présidents vénézuélien Hugo Chavez, équatorien Rafael Correa et nicaraguayen Daniel Ortega, alliés de la Bolivie dans la région, seront également présents, a indiqué le ministère bolivien des Affaires étrangères.

M. Chavez, le chef de file de la gauche latino-américaine, est un des principaux détracteurs de l'accord a minima de Copenhague de fin 2009 qui fixe comme objectif de limiter à deux degrés la hausse de la température moyenne de la planète, en restant vague sur les moyens. Il dénonce notamment les conditions dans lesquelles il a été négocié.

Les organisateurs attendent aussi à Cochabamba des VIP planétaires de l'altermondialisme, comme l'intellectuelle canadienne Naomi Klein, le député européen José Bové et le climatologue américain James E. Hansen, l'un des premiers à avoir mis en garde contre les dangers du réchauffement de la planète. James Cameron, le cinéaste de la fable écologique «Avatar», a été invité.

Des scientifiques, syndicalistes, écologistes et de nombreux représentants de peuples indigènes complèteront le parterre de Cochabamba, fief politique de M. Morales, premier président amérindien de la Bolivie.

Après Copenhague, Cochabamba se veut «une grande mobilisation pour influer, fondamentalement, sur le prochain sommet sur le climat au Mexique en décembre», explique le vice-ministre de l'Environnement, Juan Pablo Ramos.

La Bolivie entend être «l'épicentre d'une mobilisation mondiale pour demander une «culture de vie», contre une +culture de mort+ qui nous amène à la catastrophe mondiale».

La Conférence devrait développer des propositions présentées par Morales à Copenhague : la création d'un tribunal de justice climatique international et l'organisation d'un référendum planétaire sur les grands choix de défense de l'environnement qui porterait sur deux milliards de personnes.

Selon le président bolivien, l'idée d'un organisme de défense des droits de la Terre, parallèle à l'ONU, sera aussi débattue. «C'est un véritable combat conte le capitalisme, le principal responsable de la destruction de l'environnement», a-t-il dit.

L'ONG des Amis de la terre a salué une «lueur d'espoir» pour «ouvrir un espace à la société civile et à des représentants de gouvernements pour s'unir autour de revendications communes, et donner un nouvel élan et une autre direction aux négociations de l'ONU».

«L'idée d'une implication accrue de la société civile est très bienvenue», a estimé Luis Alfonso de Alba, représentant du Mexique, pays hôte du prochain grand rendez-vous des négociations sur le climat, et qui ira en Bolivie. «Je pense que la réunion (de Cochabamba) pourrait produire des résultats positifs».

«Il faut discuter avec tout le monde», convient l'ambassadeur de la France sur le climat, Brice Lalonde, qui sera aussi au rendez-vous latino-américain.