La Chine se prépare à exploiter les opportunités nées de la fonte des glaces en Arctique, mais cherche à éviter de provoquer par sa démarche la susceptibilité des pays riverains, selon une étude du Stockholm international peace research institute (Sipri) publiée lundi.

Le transport de marchandises entre Europe et Asie emprunte essentiellement le canal de Suez, or l'ouverture du passage du Nord-Ouest arctique, où la glace pourrait avoir entièrement fondu en été à cause du réchauffement climatique d'ici à 2050-2060, selon les études, pourrait réduire de 40% la distance entre les deux continents.

Aussi, «la Chine suit de plus en plus près les conséquences de la fonte des glaces dans l'océan Arctique» et «le gouvernement chinois augmente ses crédits à la recherche arctique», souligne dans son étude une chercheuse du Sipri spécialiste de la Chine et basée à Pékin, Linda Jakobson.

Mais la fonte des glaces de l'Arctique est déjà cause de tensions entre les pays riverains (Russie, Canada, Danemark, Norvège et États-Unis) qui se disputent notamment les richesses souterraines.

Alors Pékin assure officiellement que ses recherches dans la région sont purement environnementales. Pourtant, la Chine n'en a pas moins «commencé ces dernières années à évaluer les implications commerciales, politiques et de défense liées à un Arctique sans glace» l'été, explique Mme Jakobson.

Pékin entretient des installations de recherche polaire particulièrement importantes, possède le plus gros brise-glace non-nucléaire au monde et attend la livraison d'un second brise-glace, plus petit, pour 2013, rappelle la chercheuse.

Elle souligne cependant le «wait and see» prudent officiellement affiché par la Chine qui n'a aucun droit souverain sur les eaux de l'Arctique ni sur les sous-sols de la région.

«L'insistance de la Chine pour le respect de la souveraineté (des États) en tant que principe fondamental des relations internationales l'empêche de contester les droits territoriaux des États de l'Arctique» dans cette zone, souligne l'étude.

En outre, Pékin est conscient qu'une trop grande activité de sa part sur la question «alarmerait» ses partenaires «en raison de la taille du pays et de son statut de puissance mondiale montante», précise la chercheuse en se basant sur «des discussions off-the-record» avec de nombreux officiels chinois.

Malgré une position «apparemment faible», la Chine cherchera certainement à «jouer un rôle dans la mise en place du cadre politique et du fondement légal des activités en Arctique» dans les années qui viennent, estime Mme Jakobson.