La Commission européenne a proposé lundi aux gouvernements de l'UE de soutenir le classement du thon rouge parmi les espèces menacées d'extinction et donc d'interdire courant 2011 le commerce international de ce poisson très apprécié des Japonais.

«Nous n'avons pas d'autre choix que d'agir maintenant et de proposer l'interdiction du commerce international» du thon rouge, pêché principalement en mer Méditerranée, a déclaré à la presse le commissaire européen à l'Environnement, Janez Potocnik.

Si les gouvernements de l'UE approuvent la recommandation de la Commission et si cette proposition est entérinée par la CITES, l'organisation affiliée à l'ONU chargée de la protection des espèces en danger, alors cela équivaudra de facto à interdire la pêche de ce thonidé victime d'une pêche excessive.

La réunion de la CITES sur le sujet est prévue du 13 au 25 mars à Doha.

Selon les sources proches du dossier, il devrait toutefois y avoir des exemptions pour la pêche artisanale en Europe.

L'annonce de la Commission est intervenue en marge d'une réunion à Bruxelles des ministres européens de la pêche.

Elle a été rendue possible notamment par la décision prise par trois grands pays européens de pêche au thon en Méditerranée, la France, l'Italie et l'Espagne, de soutenir l'idée d'un moratoire pour soulager l'espèce menacée.

La France s'est prononcée récemment en faveur d'une interdiction du commerce international, mais avec délai de 18 mois avant l'entrée en vigueur. L'Italie lui a apporté son soutien en janvier et la ministre espagnole de la Pêche et de l'Environnement, Elena Espinosa, a dit lundi à Bruxelles être d'accord avec la proposition de la Commission.

En septembre dernier, une première proposition en ce sens de la Commission n'avait pas réuni la majorité nécessaire des États au sein de l'UE.

Le thon rouge ne bénéficie actuellement d'aucune protection de la CITES, la seule organisation mondiale ayant autorité pour limiter ou interdire le commerce international d'espèces animales ou végétales menacées.

L'interdiction qui se profile de facto de la pêche dans les eaux européennes constitue un coup dur pour la profession qui avait par avance mis en garde contre les risques de banqueroute, notamment dans le Sud de la France. Une grande partie de leur production est en effet exportée au Japon.

Les Japonais absorbent à eux seuls 80% des captures mondiales du thon rouge, dont la chair est très appréciée crue, en sashimi, ou accommodée en sushi.

Le Japon a du reste fait savoir lundi qu'il refusait lundi toute interdiction de la pêche et du commerce de l'espèce.

«Nous faisons ce que nous pouvons pour qu'elle ne soit pas adoptée» par la CITES, prochaine étape, a déclaré à l'AFP Shingo Ota, un négociateur à l'Agence des pêcheries du Japon.

En un demi-siècle, de 1957 à 2007, les stocks de thon rouge ont baissé de 75%, et de plus de 60% au cours des dix dernières années, selon les défenseurs de l'environnement.