On ne pourra blâmer le réchauffement planétaire cette fois. Mais il n'en reste pas moins que la température au Bella Center risque d'augmenter considérablement à partir d'aujourd'hui.

Après un début anormalement mouvementé, la conférence de Copenhague sur le climat amorce en effet sa deuxième et dernière semaine de négociations, pendant laquelle quelque 200 pays tenteront d'aplanir leurs différends... qui semblent, à mi-chemin de la rencontre, plus grands que jamais.

Le clivage se complexifie

Le clivage Nord-Sud, qui a été de toutes les conférences sur le climat à ce jour, s'est complexifié un peu plus à la suite du dévoilement de deux brouillons d'entente pour fins de discussions, vendredi. Les échanges, plutôt costauds, ne se font plus à deux, mais bien à trois: les pays riches, les pays émergents auxquels se sont collés plusieurs pays d'Afrique, et les petits pays insulaires victimes du réchauffement qui, pour la première fois, ont joué un rôle de premier plan dans les négociations.

«Le sort de mon pays est entre vos mains. J'en pleurais en me levant ce matin, ce qui n'est pas facile d'admettre pour un adulte», a lancé Ian Fry, négociateur en chef de l'île pacifique de Tuvalu, et porte-parole des États menacés par la montée des eaux.

Tous sont mécontents des textes qui circulent, soit parce qu'ils s'estiment lésés, soit parce qu'ils trouvent que l'on n'en demande pas assez aux autres. Les pays industrialisés trouvent qu'on en demande trop peu à la Chine et à l'Inde ; ceux-ci considèrent qu'ils n'ont pas à s'engager de manière aussi importante ; et les petits pays demandent aux deux premiers de prendre leurs responsabilités...

La présidente de la conférence, la ministre danoise Connie Hedegaard, soutient néanmoins que «des progrès considérables ont été accomplis lors de la première semaine». Le grand patron des Nations unies, Ban Ki-moon, a renchéri hier en déclarant à l'AFP que la première semaine constituait «un bon début», se disant «prudemment optimiste» sur l'issue des travaux.

Mais ici, les délégués, dont certains travaillaient hier malgré la fermeture du Bella Center, ne se font pas d'illusions: seuls des sujets périphériques comme la déforestation ont été réglés, même si les ministres de l'Environnement ont déjà commencé à affluer à Copenhague.

Ce qui importe pour tout le monde, évidemment, ce sont les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre que chacun devra s'engager à atteindre entre 2012 et 2020, lorsque la première phase du protocole de Kyoto viendra à échéance.

Le grand écart

Pour comprendre à quel point l'écart est grand entre les délégations, il faut parcourir les brouillons d'entente. Tout ce qui se trouve entre crochets est en suspens. Or, on demande aux pays riches de réduire leurs émissions de 25 à 40% sous leur niveau de 1990, ce que certains d'entre eux seulement sont prêts à faire. Le Canada et les États-Unis, par exemple, sont loin de cette fourchette, avec des cibles respectives de 3 et 3,4%.

Parallèlement, on exige des pays émergents une diminution de 15 à 30% des gaz à effet de serre, sous leur niveau «business as usual», c'est-à-dire si rien n'était fait pour les contenir. L'Inde, tout particulièrement, trouve cela beaucoup trop ambitieux.

Mais plus encore, les états insulaires suggèrent que l'on fixe à 1,5ºC la hausse maximale des températures au cours des prochaines décennies, plutôt que les 2ºC qui font consensus depuis plusieurs années. Objectif théorique, il n'en reste pas moins important car il trace le chemin à suivre : plus la cible de température est basse, plus elle est ambitieuse, et plus les efforts devront être grands.

Tout pour inciter le mercure à monter encore un peu plus, ici, dans la froide Copenhague.