L'histoire des planchers d'école contenant de l'amiante confirme que cette substance cancérogène est une menace non seulement pour les travailleurs de l'industrie, mais pour l'ensemble de la population, estime Fernand Turcotte, professeur émérite de médecine à l'Université Laval.

«L'augmentation des cas de mésothéliomes dans la population montre bien que même aux faibles doses de fibres que l'on respire sans le savoir, celles-ci sont capables de provoquer le cancer», indique ce spécialiste de santé publique.

 

«Le lobby de l'amiante soutient que les travailleurs des moulins sont bien protégés, ajoute le Dr Turcotte. C'est là une position hypocrite car ce qui justifie le bannissement du matériau défectueux qu'est l'amiante, c'est la menace qu'il fait peser sur la santé de tous ceux qui vivent à l'extérieur des lieux de production.»

Même son de cloche de la part de Denis Bégin, chimiste au sein du département de santé environnementale et santé au travail de l'Université de Montréal. Contrairement à ce que soutient le lobby de l'amiante chrysotile, souligne-t-il, ce produit cause encore aujourd'hui des problèmes de santé publique malgré le resserrement des normes préventives dans la foulée du Comité d'étude sur la salubrité dans l'industrie de l'amiante, en 1976.

«Certains travailleurs atteints aujourd'hui d'une maladie respiratoire liée à l'amiante ont été exposés dans les années 60 et 70 où les moyens de protection étaient effectivement déficients. Mais il y en a certainement dont l'exposition professionnelle à l'amiante remonte aux années 80 et suivantes, alors que la CSST était bien en place avec ses normes et ses inspecteurs.»

En désaccord avec ces conclusions, l'Institut du chrysotile soutient que la population n'est aucunement menacée. «Il faut être exposé à beaucoup de fibres avant d'être malade, explique Clément Godbout, président. Il faut en respirer quelques milliers par jour! Or ce n'est pas le cas de la population.»

«De toute façon, renchérit-il, si on arrêtait complètement la production de chrysotile, cela ne règlerait pas du tout le problème.»