L'étau se resserre sur les constructeurs automobiles, alors que six États américains et cinq provinces canadiennes font désormais partie des gouvernements qui s'engagent à s'aligner sur la norme californienne de réduction de la pollution générée par les véhicules.

Du même coup, le premier ministre Jean Charest espère que l'étau se resserrera également sur le gouvernement de Stephen Harper et qu'il se laissera convaincre de serrer la vis aux constructeurs automobiles en revoyant à la baisse les seuils d'émissions polluantes jugés tolérables.

Les 11 chefs des gouvernements de l'Est du pays et de la Nouvelle-Angleterre ont adopté un plan d'action sur la qualité de l'air, mardi, faisant de la norme californienne l'objectif à atteindre.

En vertu de la loi adoptée en Californie (mais pas encore en vigueur), le parc automobile des véhicules légers devra avoir réduit de 30 pour cent ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2016, l'année de référence étant 2002.

Le plan d'action a fait l'objet d'une résolution adoptée mardi matin dans le cadre de la 32e conférence des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l'Est du Canada, tenue à Bar Harbor, dans le Maine, sur la côte atlantique.

Le Québec avait déjà annoncé en décembre 2007 qu'il adoptait la norme californienne pour les véhicules automobiles, à compter de 2010-2011.

Le premier ministre Charest était plus que satisfait de voir qu'un mouvement régional, comprenant l'est du continent, était en train de se dessiner en faveur d'une réglementation plus sévère pour les véhicules automobiles.

«Cela va ajouter du momentum pour un mouvement qui prend forme en Amérique du Nord», a-t-il dit, en point de presse, en prenant la peine de rappeler que ce «momentum» survenait à point nommé, en pleine campagne électorale au Canada et aux États-Unis.

Il espère ainsi accroître la pression sur le gouvernement de Stephen Harper, pour l'amener à se commettre sur cette question. Le gouvernement fédéral mène une consultation sur le sujet, «alors ça tombe pile», a-t-il dit.

«Maintenant, il a une réponse. Il y a 11 gouvernements qui lui disent: va dans cette direction, c'est là qu'il faut aller», a-t-il ajouté durant la conférence de presse de clôture de l'événement.

De plus, d'ici la fin du mois, donc avant la tenue du débat des chefs, qui sera un des moments forts de la campagne électorale, on sait que le premier ministre Charest a promis de dresser une liste des revendications du Québec à l'intention du prochain premier ministre fédéral.

Il est désormais acquis que la lutte aux changements climatiques, notamment par l'adoption d'une réglementation à la californienne pour les véhicules, figurera en haut de la liste.

Au Canada, le Québec a été la première province à adhérer à la norme californienne, mais d'autres ont emboîté le pas: le Manitoba, la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse.

L'Ontario, qui abrite l'industrie automobile, est un peu assise entre deux chaises: elle ne s'est pas engagée à respecter la norme californienne, mais a adhéré au Western Climate Initiative, qui fait de l'adhésion à cette norme une condition d'admission.

Aux États-Unis, jusqu'à maintenant, 12 États ont montré leur intérêt à adopter ce type de réglementation.

La Californie doit obtenir l'autorisation de l'organisme fédéral de protection environnementale - l'Environmental Protection Agency (EPA) - avant de pouvoir mettre en vigueur sa réglementation.