La surtaxe proposée par Québec solidaire sur les véhicules ultrapolluants fait craindre au ministre sortant de l’Environnement, Benoit Charette, une vague de contestation du gouvernement semblable au mouvement des gilets jaunes de 2018-2019 en France.

Des candidats de quatre des cinq principaux partis se sont prêtés lundi à un débat sur le thème de « l’économie verte » à Montréal.

Lisez notre article sur les engagements clés des différents partis politiques

Si le débat a débuté sur un ton plutôt consensuel, il a monté lors d’un échange entre Benoit Charette et la présidente et candidate de Québec solidaire (QS) dans la circonscription de Verdun, Alejandra Zaga-Mendez, au sujet de la surtaxe proposée par le parti de gauche sur les véhicules « ultrapolluants ».

« Le grand danger, c’est de créer une aversion pour la mobilisation. Il faut mobiliser la population et non pas la retourner contre nous dans ce débat incontournable de la lutte aux changements climatiques », a alors lancé le candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ), donnant en exemple le mouvement des gilets jaunes en France.

À l’automne 2018, une nouvelle taxe sur les carburants qui visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre avait provoqué ce vaste mouvement de contestation dans l’Hexagone. Celui-ci avait pris de l’ampleur et mené à de violentes manifestations, en plus d’inspirer plusieurs mouvements semblables dans d’autres pays.

Or, seuls les véhicules émettant au-delà de 210 grammes de CO2 par kilomètre sont concernés par la mesure proposée par QS, lui a répondu Alejandra Zaga-Mendez, doctorante en économie environnementale.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Alejandra Zaga-Mendez, présidente et candidate de Québec solidaire dans la circonscription de Verdun

« On ne s’attaque pas à la majorité, ce n’est pas une taxe à la pompe, ce qu’on propose. C’est une mesure qui existe déjà ailleurs et qui est un contre-incitatif pour les véhicules ultrapolluants avec des exemptions qu’on a expliquées, pour les familles nombreuses, pour le travail et de façon régionale », a-t-elle ajouté après le débat.

Une autre passe d’armes a eu lieu lorsque la candidate du Parti québécois dans Taschereau, Jeanne Robin, a reproché à la CAQ de donner la priorité à des projets routiers plutôt qu’à d’autres infrastructures afin d’aider le Québec à faire face aux défis des changements climatiques.

« Au lieu de mettre notre énergie à mettre en place des infrastructures qui allaient nous sortir de deux crises à la fois, la crise pandémique […] et la crise climatique, on a continué de faire comme on a toujours fait, des projets routiers, parce que c’est plus simple, on en fait dans toutes les régions et c’est ce qu’on a toujours fait », a-t-elle déploré.

Ce à quoi Benoit Charette lui a répondu qu’il s’agissait « de sauver des vies humaines » en revoyant la configuration de certaines routes, notamment l’autoroute 50 et la route 117.

La candidate pour le Parti libéral du Québec, Virginie Dufour, a remplacé au pied levé la candidate dans Notre-Dame-de-Grâce Désirée McGraw, qui a dû annuler sa présence pour des raisons familiales. Mme Dufour a mis de l’avant à plusieurs reprises le « projet ÉCO » de sa cheffe, Dominique Anglade,

Le Parti conservateur du Québec avait décidé de ne pas déléguer de candidat au débat. L’évènement était organisé par le Réseau Environnement, le Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) et l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER), à Montréal.