La Cour supérieure de l'Alberta a tranché hier: Omar Khadr ne pourra purger sa peine dans une prison provinciale. Il restera donc dans une prison fédérale à sécurité maximale.

L'ancien détenu de Guantanamo s'était présenté pour la première fois devant un tribunal canadien le 23 septembre dernier pour demander un transfert. L'homme aujourd'hui âgé de 27 ans a plaidé coupable à des accusations de meurtre et de soutien matériel au terrorisme. Il était âgé de 15 ans au moment des faits.

Son avocat Me Dennis Edney a plaidé que son client était alors mineur et qu'il devait donc purger une peine dans un établissement provincial. Cette décision de la Court of Queen's Bench de l'Alberta (l'équivalent de la Cour supérieure) est lourde de conséquences pour Khadr puisqu'elle signifie qu'il ne pourra pas être libéré sous condition avant la fin de sa peine. Il reste ainsi maintenu en isolation et les demandes d'entrevues avec les médias sont refusées.

Me Edney a indiqué à La Presse qu'il compte faire appel de cette décision. «Nous continuerons de nous battre pour sa liberté», a-t-il dit.

Le 31 octobre 2010, un jury militaire de la base américaine de Guantanamo à Cuba a condamné Khadr à 40 ans de prison. Il avait toutefois conclu une entente avec la justice américaine dans laquelle il acceptait de plaider coupable en échange d'une peine 8 ans. Transféré au Canada en septembre 2012. Sa peine prend fin le 30 octobre 2018.

« Nous accueillons favorablement le jugement rendu aujourd'hui», a déclaré le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney. Depuis plusieurs semaines, il martèle que «le gouvernement du Canada s'opposera vigoureusement à toute action judiciaire demandant une réduction de la peine prononcée à son égard [d'Omar Khadr]».

Depuis son retour au pays, Khadr a été détenu dans des prisons fédérales à sécurité maximale, soit à Millhaven en Ontario, puis à Edmonton, à partir de mai dernier. Or, les Américains avaient catégorisé Khadr comme un détenu relevant de la sécurité minimale. Le directeur du Bureau de l'enquêteur correctionnel du Canada, Ivan Zinger avait même pressé les autorités carcérales canadiennes de réexaminer la classification du jeune homme.