Connor McDavid sera-t-il meilleur que Sidney Crosby? Pourrait-il être meilleur que Wayne Gretzky?

Même si ces questions captivent le monde du hockey, elles ne faisaient pas partie des préoccupations de Mark Seidel, à Drummondville, il y a deux ans. Le dépisteur vétéran a été ensorcelé par les habiletés de McDavid, un jeune phénomène de 15 ans dont le talent rayonnait à l'échelle internationale.

Déjà, chacun pouvait apprécier à quel point McDavid était talentueux sur la glace. Mais ce ne sont pas tant ses prouesses qui ont séduit Mark Seidel. C'est plutôt la sagesse du jeune homme hors de la patinoire. C'est plutôt la façon dont McDavid interagissait avec ses jeunes admirateurs, des enfants en fauteuil roulant, qui ont révélé à Seidel tout ce qu'il avait besoin de savoir.

«J'accorde beaucoup d'importance au langage corporel, a indiqué Seidel, dépisteur depuis près de 20 ans. J'aime observer comment les gens interagissent pour voir s'ils sont authentiques ou s'ils sont entraînés ou comment ils se comportent lorsque les caméras sont éteintes.»

Il a été impressionné par ce qu'il a vu chez McDavid, qui discutait et jouait avec des enfants handicapés.

«C'était évident qu'il appréciait sincèrement interagir avec les jeunes, a affirmé Seidel. Il était lui-même. Il ne cherchait pas les caméras. Il était sincèrement heureux d'être là. Il n'y était pas parce qu'il croyait devoir le faire ou y être obligé. Pour lui, c'était simplement la chose à faire.»

Connor McDavid, c'est tout ça. Et ça, c'est bien plus que le fait de dominer au hockey.

Caractère et humilité 

Évidemment, McDavid sera la pièce maîtresse de l'offensive canadienne dans le cadre du championnat mondial de hockey junior à Montréal et à Toronto.

Bien sûr, il sera le premier choix d'une ô combien chanceuse équipe de la LNH, un des visages de la franchise, une pierre angulaire autour de laquelle un gagnant sera couronné.

Mais c'est sa personnalité - sa générosité, son humilité - qui fait que les gens continuent de le voir comme le prochain Crosby, ou même le prochain Gretzky.

«J'ai eu beaucoup de joueurs avec de grandes habiletés que j'aurais aimé voir avec plus de caractère», a lancé Sherry Bassin, directeur général et propriétaire des Otters d'Érié de la Ligue de hockey de l'Ontario, l'équipe au sein de laquelle Mc David évolue. «Et j'ai vu beaucoup de joueurs qui avaient beaucoup de caractère, mais que j'aurais aimé voir avec plus d'habiletés. Mettez les deux ensemble, ça pourrait donner Connor McDavid.»

L'humilité de McDavid était manifeste pendant la préparation du Canada au tournoi mondial de hockey junior. On n'a qu'à observer à quel point les micros doivent se placer près de sa bouche pour comprendre à quel point ce jeune homme de 17 ans est calme et posé. Sa voix est à peine un peu plus forte qu'un chuchotement.

Questionnez-le à propos de lui, et il louangera les talents de ses coéquipiers.

Posez-lui des questions à propos de Jack Eichel, l'Américain qui pourrait lui ravir la première place au repêchage, et il vous répondra que c'est un jeu d'équipe et qu'à Eichel, il souhaite le meilleur.

Enfin, parlez-lui de cette bagarre de novembre qui l'a laissé avec une main cassée. Les amateurs qui dénoncent la violence au jeu n'ont pas apprécié, mais dans les cercles du hockey, McDavid a marqué des points.

«Il règle lui-même ses problèmes», a indiqué Seidel. «Il ne se tourne pas vers le banc pour obtenir de l'aide. Ce n'est pas un enfant gâté.»

Le jeu des comparaisons

Tout comme Crosby et Gretzky, McDavid pèse toujours ses mots. Il ne fait jamais de faux pas. Il est excellent

- que dis-je, extraordinaire - sur la glace.

«Il a tout ce qu'il faut, lance Seidel. Visiblement, c'est un joueur phénoménal. C'est un leader. Une bonne personne. Il est à l'aise avec les médias... s'il fallait décrire le jeune candidat parfait, capable de faire face à la pression tout en étant l'image de la franchise, c'est lui qu'il faudrait décrire.»

«Il est un rêve devenu réalité aussi bien pour les entraîneurs que celui du personnel marketing. Il est impossible de trouver un gars dans cette industrie - et la jalousie est endémique dans l'industrie - qui ne dit pas que ce jeune-là est phénoménal.»

McDavid est comparé à Crosby depuis que Crosby lui-même a établi la comparaison, au cours de la première année de McDavid avec les Otters d'Érié. À l'époque, McDavid avait 15 ans et avait obtenu un statut exceptionnel pour pouvoir jouer dans la LHO même s'il n'avait pas l'âge minimum requis. L'adulation se poursuit depuis, mais elle n'est toujours pas montée à la tête du jeune homme.

«Il faut simplement s'entourer du bon monde, affirme Connor McDavid. Je suis chanceux d'avoir de bons parents. Mon agence, Orr Group, et mon agent, Jeff Jackson, sont extraordinaires. Tous mes amis et coéquipiers font un excellent travail à me garder les deux pieds sur terre.»

Le voilà encore en train de complimenter les autres alors que c'est lui, le vertueux.

Ses coéquipiers d'Équipe Canada junior affirment que l'adulation qui entoure McDavid n'est pas un problème.

«Il fait ce qu'il faut, affirme l'ailier Robby Fabbri. Rien ne lui monte à la tête. Nous en rions avec lui. Sinon, tout est cool.»

Une tout autre réalité

Jack Ferguson, dépisteur de longue date, souligne un détail qui place McDavid dans une catégorie à part des Crosby et Gretzky: son époque. Le commentaire de Crosby a été publié sous forme de gazouillis et s'est répandu de façon virale. Ni Gretzky ni Crosby n'ont eu à faire face à la couverture sportive intensive des médias, sans compter l'idolâtrie et les critiques dont McDavid est la cible sur les médias sociaux.

«Pendant la montée en popularité de ces athlètes, la pression n'était pas celle d'aujourd'hui, précise Ferguson. Je ne veux pas critiquer les médias, mais je pourrais. Ils ont la capacité d'élever les gens au rang de dieux, mais ils ont aussi la capacité de les crucifier sur demande.»

La plupart des dépisteurs s'entendent pour dire que McDavid est celui qui détient le plus grand potentiel depuis Crosby. Ils n'iront pas plus loin, principalement parce que plusieurs d'entre eux n'étaient pas dans l'industrie à l'époque de Gretzky.

Ferguson est âgé de 80 ans. Il essaie, sans succès, de prendre sa retraite depuis cinq ans et continue d'assister à des matchs. Au cours de sa carrière, il a dépisté tous ceux qui méritaient de l'être: Guy Lafleur, Darryl Sittler, Wayne Gretzky, Mario Lemieux, Eric Lindros, Crosby, Steven Stamkos, John Tavares et, bien sûr, Connor McDavid.

À la question «À quel point McDavid est-il talentueux?», il refuse d'abord de répondre.

«Je crois que, collectivement, nous mettons beaucoup de pression sur un jeune homme de 17 ans», affirme-t-il en guise d'introduction.

Puis, il ajoute...

«Il a la chance d'être aussi bon que n'importe quel joueur que j'ai vu, poursuit Ferguson. Je n'arrive pas à lui trouver de défauts.»