Le chef libéral, Stéphane Dion, a répondu au discours du premier ministre Stephen Harper mercredi soir en maintenant que les conservateurs avaient perdu le droit de gouverner.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a pour sa part qualifié d'«incendiaire» l'attitude du chef du gouvernement alors que le chef du NPD, Jack Layton, a clamé qu'un nouveau gouvernement était prêt à servir à Ottawa. «Les conservateurs de Stephen Harper ont perdu la confiance de la majorité des députés à la Chambre des communes, a déclaré M. Dion. Dans notre système démocratique, dans notre régime parlementaire, selon notre Constitution, cela signifie qu'ils ont perdu le droit de gouverner.»

À cette fin de non-recevoir prévisible — puisque toute la journée d'mercredi les libéraux ont exprimé leur perte totale de confiance en la parole du premier ministre –, M. Dion a opposé sa solution d'un nouveau gouvernement de coalition qui verra, a-t-il dit promis, à poser les bons gestes afin que les Canadiens puissent traverser les temps difficiles engendrés par la crise économique.

Pas d'élections

«Les Canadiens ne veulent pas d'autres élections, ils veulent que les parlementaires travaillent ensemble, a affirmé le chef libéral. C'est notre devoir. Les Canadiens veulent que les députés mettent leur partisanerie de côté et qu'ils se concentrent sur l'économie. Le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique sont prêts à le faire, avec l'appui du Bloc québécois. Jack Layton et moi avons accepté de former un gouvernement de coopération pour nous pencher sur l'impact de la crise économique mondiale. Le Parti vert a aussi accepté de l'appuyer.»

Le chef de la coalition PLC-NPD n'a pas manqué non plus de reprocher à Stephen Harper de refuser «de proposer des mesures pour stimuler l'économie canadienne», rappelant le contenu «idéologique» de son énoncé économique de la semaine dernière.

Quant à sa coalition, il a vanté ses mérites.

«Les coalitions sont normales et courantes dans de nombreuses régions du monde, et elles peuvent fonctionner très bien, a-t-il expliqué. La recette est simple : consensus, bonne volonté et coopération. Le consensus est une valeur chère aux Canadiens. Dans cet esprit, nous, les libéraux, nous avons accepté de former une coalition avec le NPD. Parce que nous pensons que nous pouvons faire plus pour les Canadiens par la coopération que par le conflit. Nous pensons que nous pourrons mieux résoudre les difficultés du Canada par le travail d'équipe et la collaboration plutôt que par la partisanerie aveugle et l'hostilité.»

Un plan de relance

M. Dion a ensuite mis M. Harper au défi de ne pas reporter le vote de défiance prévu lundi prochain aux Communes. Il souhaite que la coalition de son parti avec le NPD prenne rapidement le pouvoir, a-t-il avancé, afin de s'attaquer rapidement aux maux économiques du pays.

M. Dion a promis qu'en moins d'une semaine son gouvernement aura fixé un nouveau cap, un ton et un objectif.

Il a par la suite exposé un vaste plan de relance économique, notamment des investissements rapides et accrus dans les infrastructures, pour les villes, dans l'énergie propre et les portes d'entrée au pays. Les secteurs manufacturier, forestier et automobile seront également secourus afin de créer des emplois.

Gilles Duceppe

Pour sa part, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a rejeté l'ensemble du discours à la nation de M. Harper qui, selon lui, n'a rien apporté de neuf pour atténuer la crise qui fait rage à Ottawa.

Le leader souverainiste a soutenu que les conservateurs dénigrent le Québec lorsqu'ils dénoncent l'alliance des libéraux et des néo-démocrates avec son parti.

«C'est le même message, fondamentalement, que celui qui est offert à la Chambre des communes – bien sûr avec moins d'exaltation, a-t-il souligné. Il dit : pas question de gouverner avec l'appui des députés du Bloc québécois – les deux tiers des députés du Québec ici dans cette Chambre !»

«On ne peut pas accepter un tel comportement», a-t-il ajouté.

M. Duceppe a aussi déploré le fait que Stephen Harper dénonce aujourd'hui ce qu'il a lui-même déjà tenté dans le passé, soit créer une coalition entre les partis de l'opposition, incluant le Bloc québécois, pour prendre le pouvoir à Ottawa.

«C'est un peu curieux pour quelqu'un qui, en 2004, tenait une conférence de presse à mes côtés et aux côtés de Jack Layton, disant à la gouverneure générale que si (Paul) Martin n'obtenait pas une majorité en Chambre, lui était prêt à prendre ses responsabilités», a-t-il rappelé.

Jack Layton

De son côté, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, s'est montré plus résolu que jamais à renverser le gouvernement Harper.

«Ce soir, j'annonce que, s'il plaît à son Excellence, chaque député néo-démocrate est prêt à individuellement exprimer son manque de confiance dans ce gouvernement. Un nouveau gouvernement est prêt à servir», a-t-il lancé.

«C'était le travail de Stephen Harper de faire fonctionner le Parlement, a-t-il ajouté. Mais il a refusé. En mettant fin au Parlement, en mettant le cadenas sur la porte, il rejette le choix démocratique de 62 % des gens. Et chaque député se verra nier le droit démocratique d'exprimer, ou non, sa confiance dans le gouvernement.»