Un gars, une fille, Brice de Nice et OSS 117 ont fait de lui l'une des vedettes les plus populaires de France. Mais Jean Dujardin aime surprendre. Rio ne répond plus, le deuxième volet des aventures du plus crétin des agents secrets, s'inscrit dans cette volonté.

«Il fallait tuer le premier!» C'est ainsi que Jean Dujardin décrit la démarche qui l'a mené, lui et le réalisateur Michel Hazanavicius, à plonger dans le deuxième opus des aventures du célèbre agent secret Hubert Bonisseur de la Bath, dit OSS 117. «Le meilleur moyen d'éviter l'écueil du numéro 2 était justement de l'aborder comme un tout nouveau film. C'est ce que nous avons fait. Refaire la même chose n'aurait été d'aucun intérêt.»

Trois ans après OSS 117: Le Caire, nid d'espions, gratifié d'un très grand succès populaire en France et au Québec, la nouvelle offrande, intitulée OSS 117: Rio ne répond plus, est en effet très différente, tant dans l'approche que dans le ton. On n'y trouve pratiquement aucune référence directe au premier épisode, même si le personnage est toujours aussi chauvin. Du haut de son ignorance, il balance encore les pires énormités.

«Comme le personnage était déjà bien installé, nous avons pu nous permettre d'aller encore un peu plus loin à ce chapitre, fait remarquer l'acteur au cours d'une entrevue accordée à La Presse lors de son passage à Montréal la semaine dernière. OSS est à l'envers de toute rectitude politique mais, d'une certaine façon, il est en plein dedans aussi. Tout le monde sait très bien que tout ce que ce type pense, et tout ce qu'il dit est indéfendable!»

À cet égard, le OSS du XXIe siècle s'est nourri du décalage - plus de 50 ans - entre la création du personnage et sa nouvelle mise au monde sous forme de pastiche.

Depuis l'année de sa naissance officielle, en 1949, l'espion français, dont le père est Jean Bruce, fut en effet le héros de pas moins de 265 romans. Huit films mettant OSS 117 en vedette ont été produits au cours des années 50 et 60, lesquels prenaient leurs intrigues très au sérieux.

Aujourd'hui, le personnage prête flanc à des parodies campées dans des époques révolues. Pur produit des années 50, OSS faisait flèche de tout bois dans Le Caire, nid d'espions en soulignant à gros traits un certain esprit franchouillard de l'époque.

L'intrigue de Rio ne répond plus se situe 12 ans plus tard, soit en 1967.

«Du coup, le changement d'époque nous offrait plusieurs nouvelles possibilités, indique Dujardin. En tant que comédien, j'avais envie de retrouver ce personnage dans une nouvelle partition. L'aventure humaine que nous avons vécue avec le premier film était assez belle pour que nous ayons tout naturellement envie de nous lancer dans un nouvel épisode. Et puis, le mec a vieilli. Je devais composer le personnage autrement.»

Alors que le monde est en pleine ébullition, tant sur le plan social que politique, le plus crétin des agents secrets est envoyé en mission à l'autre bout de la planète, au Brésil. Pour récupérer un microfilm compromettant pour son gouvernement, OSS 117 doit là-bas faire équipe avec un lieutenant-colonel du Mossad, lequel s'adonne à être une séduisante jeune femme (Louise Monot). Un ancien nazi serait impliqué dans l'affaire. La scène où OSS se présente à l'ambassade d'Allemagne au Brésil restera dans les annales.

Un grand privilège

Jean Dujardin reconnaît lui-même le privilège dont il dispose. Qu'il compare à un luxe. Vedette de comédies très populaires, l'acteur reste tout aussi crédible aux yeux de ses admirateurs quand il campe des rôles plus dramatiques.

«J'ai vraiment le meilleur des deux mondes, dit-il. Dès le départ, j'ai eu cette volonté très nette de me frotter à plusieurs styles. Je crois au plaisir qui se voit à l'écran, peu importe que le film soit une comédie ou un drame. Ce qui compte, c'est d'être sincère avec soi-même.»

Des films comme Contre-enquête, Un homme et son chien (dans lequel il donne la réplique à Jean-Paul Belmondo) et, surtout, 99 francs, illustrent bien cette volonté de se fondre dans des univers très différents. Dujardin vient d'ailleurs de compléter le tournage d'Un balcon sur la mer sous la direction de Nicole Garcia, une réalisatrice reconnue pour pousser les personnages masculins dans leurs derniers retranchements.

Auparavant, Dujardin regagnera les écrans dans la peau de Lucky Luke, qu'il a tourné sous la direction de James Huth, son complice de Brice de Nice.

En principe, l'homme qui tire plus vite que son ombre devrait dégainer le 18 décembre au Québec.

OSS 117: Rio ne répond plus prend l'affiche le 24 juillet.