Dans son prochain long métrage, le réalisateur Louis Bélanger explorera un genre peu exploité au Québec: le road movie. La Presse a visité hier le plateau de Demande à ceux qui restent pour en savoir un peu plus sur le film qui prendra l'affiche en 2010.

C'est dans une brasserie glauque et miteuse de Saint-Hubert que la production a convié les médias. Le décor sombre et enfumé du bar aura toutefois peu à voir avec les lieux du récit, qui raconte la quête d'un père qui tente de s'expliquer la mort de son jeune fils.

Une bonne partie du film se passera donc sur la route entre les paysages bucoliques de Saint-André-de-Kamouraska et les berges du Saint-Laurent.

«Le personnage est en fuite vers l'avant et de façon inconsciente, il cherche des façons de continuer à vivre après un événement tragique», a expliqué hier Louis Bélanger, en marge du tournage. Et c'est en retournant aux sources, au pays de ses ancêtres, qu'il tente de le faire.»

Le scénario a été coécrit par le cinéaste et le comédien Alexis Martin, qui interprète également l'ami d'adolescence magouilleur du personnage principal. À l'instar du protagoniste principal, Martin a vécu un véritable retour aux sources lors de la portion du tournage qui s'est déroulée dans le Bas-du-Fleuve.

«J'ai passé les étés de mon enfance là-bas, a-t-il confié. Nous avons d'ailleurs tourné des scènes dans la maison de ma grand-mère qui est abandonnée aujourd'hui. Ça m'a bouleversé, toute mon enfance m'est revenue. Mes parents, mes grands-parents, mes oncles, le rapport à mon père quand j'étais ti-gars.

«Je crois que le film est intéressant parce que l'on traite peu du deuil masculin, a-t-il ajouté. Surtout du point de vue d'un père. On voit plus souvent le spectacle de femmes ou de mères éplorées.»

Ce n'est toutefois pas un film triste, précise Louis Bélanger. «Pour moi, il était hors de question que j'assomme les gens pendant une heure et demie. Il y a beaucoup d'espoir dans le film. Je veux montrer que l'humain est fort. Qu'on est grand dans notre bonheur, mais aussi grand dans notre détresse.»

Demande à ceux qui restent raconte l'histoire de Gilles (François Papineau), un homme qui perd son jeune fils atteint de la méningite. Fauché, il part dans le Bas-du-Fleuve avec l'idée de réaliser un coup fumant dans ce coin de pays où les caisses populaires regorgent de l'argent durement épargné des personnes âgées et où il y a «0,1 policier par kilomètre carré».

Il aura fallu quatre ans et de nombreux refus devant les institutions avant de pouvoir produire ce film. Denise Robert, qui coproduit le film avec Fabienne Larouche, juge le délai long considérant le talent et la réputation de Bélanger.

«Depuis le début des années 2000, le milieu du cinéma manque d'argent et le résultat est que de nombreux jeunes cinéastes talentueux ne tournent pas de films en ce moment. C'est très dommage parce que nous avons besoin d'eux pour assurer la continuité de notre industrie», explique-t-elle.

Demande à ceux qui restent sera doté d'un budget de 3,7 millions. Le film mettra également en vedette Sophie Bourgeois, Andrée Lachapelle, Benoît McGinnis, Janine Sutto et Clémence Desrochers.