Leçons d'histoire dimanche à la Mostra de Venise: premier cours sur le coup d'Etat contre Salvador Allende avec Post Mortem, puis la Conquête de l'Ouest avec Meek's Cutoff, et enfin la Chine impériale dans Detective Dee and the mystery of Phantom Flame.

Le cinéaste Pablo Larrain se propose avec Post Mortem de raconter «l'histoire du Chili durant le coup d'Etat militaire» à travers un homme ordinaire, Mario, 55 ans, qui travaille dans une morgue.

Solitaire, amoureux en secret de sa voisine dont la famille est communiste, Mario se retrouve malgré lui emporté dans les soubresauts de l'Histoire: les cadavres des opposants exécutés défilent sous ses yeux, et il doit prendre la défense de la femme de ses rêves.

 «L'idéal de Mario, à savoir conquérir l'amour impossible d'une femme, est aussi l'idéal d'une nation qui cherche à conquérir un modèle politique noble mais inatteignable, le socialisme», estime le réalisateur de 34 ans, qui avait présenté en 2008 Tony Manero à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes.

Dialogues réduits à l'essentiel et longs plans fixes, Post Mortem ne se veut pas un documentaire, mais une autopsie aussi brutale qu'émouvante de cette tragédie politique.

Après l'Amérique latine, c'est l'Amérique du Nord et la mythique conquête de l'Ouest qui sont au centre de Meek's Cutoff (Le raccourci de Meek) de Kelly Reichardt, un western sur l'épopée de trois familles qui partent en 1845 à bord de chariots à la recherche de l'Eden sur Terre.

La survie du groupe est entre les mains de leur guide, Steven Meek, incarné par Bruce Greenwood. Peu à peu les colons, éprouvés par la soif et la faim, voient leur confiance en Meek ébranlée, surtout quand leur route croise celle d'un Indien, leur ennemi naturel.

 «Je suis une grande fan des westerns (Anthony Mann, Monte Hellman...) et je voulais en tourner un en déplaçant la caméra vers les femmes», a expliqué au cours d'une conférence de presse la réalisatrice qui se dit aussi «très influencée par Robert Bresson».

Cheminant lentement au milieu de paysages grandioses à couper le souffle, les destins des protagonistes sont confrontés à une nature à la fois superbe et hostile, qui oscille entre paradis et enfer. A noter au casting la présence de Michelle Williams, vue récemment dans Shutter Island de Martin Scorsese.

Autres temps, autres moeurs: L'inspecteur Dee et le mystère du fantôme de feu de Tsui Hark recrée l'univers de la cour impériale chinoise en 690, à la veille de l'intronisation de la première femme à monter sur le trône.

Une série de morts mystérieuses dans son entourage incitent cette dernière à demander l'aide de l'inspecteur Dee, sorte de cocktail oriental à mi-chemin entre Hercule Poirot et Jean-Claude Van Damme.

Décors colossaux, costumes somptueux et myriade de figurants font de ce film de cape et d'épée à la chinoise un excellent divertissement qui réussit à tenir en haleine le spectateur deux heures durant.

 «On ne sait pas jusqu'à la fin du film qui est l'assassin», observe Tsui Hark qui a tenu à «créer et maintenir le suspense et le mystère». «Le genre cinéma en costumes est très populaire en Chine», constate le cinéaste de 59 ans, auteur entre autres de «L'épée de la vengeance» (1995).

Lundi, ce sera au tour d'Essential Killing du Polonais Jerzy Skolimowsky et au film-surprise de la sélection d'entrer dans la course au Lion d'or, qui sera décerné samedi soir.