Le cinéphile sera le témoin de véritables opérations au cerveau tournées à l'Hôpital de l'Enfant-Jésus de Québec dans le prochain film de Robert Lepage, Michelle, Marie, Thomas, qui doit arriver sur nos écrans en 2012.

C'est ce qu'a indiqué le coréalisateur Pedro Pires au cours d'une entrevue avec La Presse, cette semaine, au Festival international du film francophone (FIFF) de Namur. M. Pires était de passage dans la capitale wallonne pour présenter son court métrage, Hope.

Marquant le retour de Lepage à l'écran après une longue pause, Michelle, Marie, Thomas est adapté de Lipsynch, fresque de près de neuf heures traitant de la voix humaine sous toutes ses formes. Dans cette pièce, également créée par Lepage, le spectateur assistait aussi à des opérations au cerveau.

«Dans la pièce, on voit un neurochirurgien enfoncer des tiges dans le cerveau de son patient, indique M. Pires. Au bout de celles-ci, il y a des lettres qui représentent les parties correspondantes du corps. Un «M», par exemple, indique que la partie du cerveau touchée par le bout de la tige commande le mouvement de la main, etc. J'ai filmé trois opérations, dont deux avec des patients conscients, où le même principe s'applique.»

Grande mosaïque où plusieurs destins se croisent d'un continent à l'autre, Lipsynch (et maintenant Michelle, Marie, Thomas) suit le parcours de Michelle, une schizophrène soignée à l'hôpital Robert-Giffard de Québec. Sa soeur Marie, qui travaille en postsynchronisation, a une tumeur au cerveau. Elle va à Londres, où elle rencontre Thomas, un neurochirurgien chargé de l'opérer.

«Au départ, Robert s'est demandé si nous devions filmer de vraies opérations, indique M. Pires. Moi, j'y tenais. Visuellement, c'est magnifique. Je voulais ce côté documentaire. Je voulais que ça grafigne.»

Comme un tableau

Ceux qui connaissent le travail de M. Pires, qui a entre autres signé la conception visuelle de Totem du Cirque du Soleil, savent qu'on ne tombera pas dans les effets gratuits. «J'ai filmé les opérations avec une caméra numérique à haute définition, dit-il. Tout autour de la zone opérée, l'environnement est très sombre, ce qui donne un aspect de tableau de facture classique à l'ensemble, défend-il. C'est présenté d'une façon très anatomique afin de montrer les merveilles du cerveau.»

Les deux réalisateurs ont aussi fait appel au maquilleur montréalais Adrien Moreau pour créer une réplique de tête dans laquelle on pratique une intervention. Dans la séquence, la caméra part de l'avant du visage et fait une rotation de 180 degrés pour se retrouver à l'arrière.

Produit par Lynda Beaulieu des Productions du 8e art, le film a été tourné à Québec, Londres et Montréal. Il sera distribué par Christian Larouche (Christal).

 Les frais de ce reportage ont été payés par le FIFF.