C'est l'année du cinéma indépendant à Fantasia, qu'il soit américain, européen ou québécois. Au programme, près de 400 films, dont 160 longs métrages de films de genre et 125 premières. Pour la première fois aussi, signe de maturité sans doute, les dirigeants ont pensé aux familles. Tout ça dans trois salles rénovées à l'Université Concordia, mais aussi à la Cinémathèque et au musée McCord, du 17 juillet au 5 août.

Même s'il peut aspirer au titre d'événement majeur montréalais, le festival Fantasia, à l'âge de 18 ans, n'est pas tout à fait indépendant de fortune. La populaire fête du film de genre est à la croisée des chemins. Même si elle a fait ses preuves, elle reste sous-financée si on la compare à d'autres.

Dans le débat actuel sur le soutien public aux festivals de cinéma, Fantasia, négligé par les institutions jusqu'en 2006, pourrait crier haut et fort. Mais ce n'est pas le genre de la maison, des passionnés qui ont investi leurs propres sous dans Fantasia au cours des ans.

«On est le plus gros festival de films de genre en Amérique du Nord, indique son président Pierre Corbeil, mais on fonctionne avec un apport de fonds publics qui équivaut au tiers de ce que reçoivent les festivals du même type en Europe, ou encore les deux autres festivals de cinéma montréalais.»

Soit le Festival des films du monde, sauf cette année, bien entendu, et le Festival du nouveau cinéma. L'occasion pourrait être belle, donc, de réviser l'alignement des planètes.

«On n'est pas d'avis qu'il faut en enlever à l'un pour donner à l'autre, dit prudemment M. Corbeil. Mais on croit qu'en comparaison, notre formule est gagnante.»

Les organismes subventionnaires, ajoute-t-il, doivent se baser sur les vrais résultats pour ajuster leur aide financière en ces temps difficiles.

«Combien y a-t-il de billets vendus? Combien y a-t-il de visiteurs de l'étranger? Quel est le rayonnement médiatique réel? On n'a qu'à regarder les résultats de recherche sur Google.»

Chose dite, chose faite. Après une vérification non scientifique, l'expression «Festival Fantasia» atteint 13,2 millions de résultats sur le moteur de recherche, contre 5,8 millions pour «Festival des films du monde» et «World Film Festival» mis ensemble.

Compétition

La concurrence de Fantasia n'est pas à Montréal, mais à Toronto et Austin, ou encore Cannes et Venise, qui programment de plus en plus de films de genre.

Le président de Fantasia ne croit pas que Montréal puisse concurrencer les grands festivals du monde. Réaliste, il estime que la ville peut toutefois bien se positionner en occupant des créneaux bien précis.

«Le grand festival généraliste est à Toronto. Cela a pris du temps à l'accepter, mais c'est le consensus maintenant», constate-t-il.

«Après cette édition, poursuit-il, on va retourner voir les institutions pour montrer que Fantasia a fait ses preuves. On est dans un contexte de rationalisation, mais je crois qu'on ne peut pas passer à côté d'une occasion comme celle qu'on offre à la communauté montréalaise.»

Après seulement deux années d'existence, le marché professionnel de Fantasia accueillera des représentants de 300 compagnies internationales indépendantes, dont Weinstein, IFC, Celluloid, Wild Bunch, TF1...

«Ce n'est pas pour nos beaux yeux, dit-il, mais parce que le cinéma de genre est un marché très lucratif. On s'en va dans un monde où ça va se passer de plus en plus dans le numérique. Le film de genre est super populaire sur les nouvelles plateformes.»

En salles

Même si chaque humain sur Terre a son propre écran, l'expérience en salle demeure cependant importante, surtout à Fantasia, où le public est fidèle et bruyant.

«On est connus pour ça, dit Pierre Corbeil. Les gens ont soif de rencontres, de contacts avec d'autres qui aiment les mêmes films et qui veulent s'exprimer. On est chanceux, Montréal est l'une des plus belles au monde pour son public.»