Rien ne va plus entre le Festival des films du monde (FFM) et Monique Simard. Dans une lettre ouverte, la directrice générale du FFM, Danièle Cauchard, réagit à l'entrevue avec Monique Simard, publiée le 10 juillet dans La Presse. La lettre (de 2000 mots) est signée par Mme Cauchard, mais Serge Losique nous confirme qu'il endosse tous ses propos.

Mme Cauchard tire à boulets rouges sur la présidente et chef de la direction de la SODEC, l'un des organismes qui ont décidé de ne pas subventionner le FFM cette année. Elle l'accuse «de ne pas savoir de quoi elle parle quand elle utilise le mot gouvernance». Elle remet en question son expérience, sa crédibilité et son honnêteté. «Monique Simard, qui a surtout fait carrière dans le militantisme, s'aventure dans le domaine culturel à la hussarde, avec un manque d'éthique sidérant, peut-on lire. La nomination de Monique Simard à la tête de la SODEC était le résultat de ses accointances politiques, ce qui va à l'encontre de tout modèle de gouvernance.»

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«C'est totalement faux! J'ai été embauchée par un comité de sélection», réplique Monique Simard. Cette dernière, qui venait juste de prendre connaissance de la lettre quand La Presse lui a parlé, hier soir, s'est dite «sidérée» par son contenu. Elle compte la relire ce matin avec un avocat. «Je vais poursuivre. Cette lettre est diffamatoire! C'est un tissu de mensonges et de calomnies.»

Dans cette lettre, la signataire avance aussi que «Monique Simard, qui a été impliquée directement ou indirectement dans des faillites, est bien mal placée pour donner des leçons de gestion et de gouvernance à qui que ce soit».

«Ce n'est pas moi, mais mon mari [l'ex-producteur Marcel Simard] qui a fait faillite, il y a quatre ans, précise Mme Simard. Et il s'est suicidé... C'est incroyable d'écrire une chose comme cela!»

«Vendetta personnelle»

Les directions du FFM et de la SODEC n'ont visiblement pas la même idée de la composition d'un conseil d'administration; elles sont aux antipodes en ce qui concerne le rayonnement de la culture québécoise. «J'accuse Monique Simard de tout faire pour que le Québec ait la réputation d'une république de bananes sur le plan international», lit-on dans la lettre du FFM. Et plus loin: «J'accuse Monique Simard de diffamation et d'avoir instrumentalisé les médias pour bloquer les autres commanditaires gouvernementaux. [...] Des responsables d'organismes chargés de la promotion de leurs cinématographies respectives en Europe nous informent que, pendant le Festival de Cannes, Mme Simard disait à qui voulait l'entendre qu'il «ne fallait pas aider le Festival des films du monde».»

La lettre cible uniquement la SODEC, sans mentionner Téléfilm Canada et la Ville de Montréal, bien que ces trois organismes soient arrivés cette année aux mêmes conclusions concernant le FFM.

Aux yeux de la directrice du FFM, la présidente de la SODEC est très machiavélique. Mme Cauchard l'accuse «d'avoir utilisé les fonds publics pour sa vendetta personnelle et son entreprise de sabotage du FFM». «Monique Simard a attendu le moment favorable pendant la vacance de pouvoir entre le déclenchement des élections provinciales et la nomination des ministres. Elle avait un mois et demi pour multiplier les réunions et contacts avec les autres partenaires du Festival. [...] Vérification faite auprès de l'ex-ministre de la Culture, Maka Kotto, celui-ci n'était pas au courant des démarches de Monique Simard, ce qui prouve bien qu'elle a profité de la vacance de pouvoir.»

La lettre du FFM se conclut avec une demande à la mode ces temps-ci au Québec: «Il est urgent de mettre sur pied une commission d'enquête sur les modes de financement des festivals du Québec, et pas seulement les festivals de films.»

De son côté, Monique Simard déplore les méthodes de Serge Losique et de sa directrice. «Ils intimident et terrorisent les gens qui critiquent le FFM. C'est ce qui arrive quand on a le courage de dire les vraies choses.»