Où sont les femmes? Pas derrière la caméra, déplore le groupe Réalisatrices équitables. Si elles représentent près de la moitié des effectifs des programmes d'études en audiovisuel, les femmes représentent une part minime des budgets et des projets réalisés au cinéma et à la télévision, constatent les réalisatrices équitables dans une étude présentée hier aux médias.

Environ 40 % des personnes inscrites aux programmes postsecondaires en audiovisuel (INIS, UQAM, Concordia) sont des femmes. Or, moins du tiers des projets déposés par auprès des institutions (Fonds canadien de télévision, Téléfilm Canada, SODEC, ONF et Conseil des arts) le sont par des femmes.

«Le nombre de projets avec des réalisatrices est inférieur au nombre des projets présentés avec des réalisateurs», déplore Sophie Bissonnette, venue présenter les conclusions de l'étude avec Marquise Lepage, Paule Baillargeon, Isabelle Hayeur et Ève Lamont. Une fois les projets acceptés, «les femmes ne disposent plus que de 10 % des budgets accordés», poursuit-elle.

L'étude, menée en collaboration avec l'Institut de recherches et d'études féministes de l'UQAM (IREF) d'après une compilation des données des institutions entre 2002 et 2007, apporte une nuance à ce constat. Dans les programmes où les projets peuvent être déposés sans producteur et distributeur (ONF et Conseil des arts), la part des femmes est plus proche de leur part parmi les étudiants de l'audiovisuel. C'est une bonne nouvelle... sans en être une. «Là où il y a le plus d'argent, le moins les femmes en bénéficient», déplore le groupe. En cinq ans, le total des investissements du Fonds canadien de télévision et de Téléfilm atteint un milliard de dollars, alors contre 53 millions de dollars à l'ONF et au Conseil des arts.

«La question du budget est très importante. Moi, ça fait 25 ans que je fais du cinéma, et je n'ai jamais eu d'augmentation de budget», estime la réalisatrice Catherine Martin, venue, comme Sylvie Groulx ou Anaïs Barbeau-Lavalette, apporter son soutien aux Réalisatrices équitables. «C'est important de soutenir cette initiative et de faire en sorte que notre voix soit entendue à plus de 10 %», dit-elle.

Pourquoi cette disparité? Où vont les femmes qui se destinaient à la réalisation? Pourquoi y a-t-il si peu de films réalisés par les femmes? Sans apporter de réponses à ces questions, les réalisatrices équitables n'ont pas caché leur but: rencontrer les ministres Christine St-Pierre et Josée Verner, ainsi que les principales autorités des institutions culturelles.

Pour le moment, l'accueil réservé à l'étude à la SODEC et au Fonds canadien de télévision a été plutôt positif. «Ce qui est important, c'est qu'on inverse la vapeur. On parle d'imaginaire visuel ici, de l'imaginaire de notre pays. Les femmes doivent y avoir accès», dit Isabelle Hayeur.