La mémoire, les choix que l'on fait, les conséquences qui en découlent sont des thèmes récurrents au cinéma. Pas simple, donc, de les aborder sous un angle original. La cinéaste libano-québécoise Maryanne Zéhil les explore à travers un film choral, L'autre côté de novembre, dans lequel Léa, une chirurgienne de Montréal, et Layla, couturière dans un village libanais, sont un personnage unique (Arsinée Khanjian) dont l'existence a été marquée par un choix : rester ou partir.

« Qui d'entre nous n'a pas fait un choix crucial dans sa vie ? demande Mme Zéhil. Qui n'a pas abandonné quelque chose pour aller ailleurs ? Qui ne s'est pas demandé ce qu'il serait devenu en faisant telle ou telle chose ? On a tous des moments comme ça dans notre vie. Avec parfois des regrets... »

Pascale Bussières, qui donne la réplique à Arsinée Khanjian dans l'oeuvre, corrobore les propos de la réalisatrice.

« Essentiellement, ce film porte sur la difficulté de choisir et le poids du destin, dit-elle. Lorsqu'on décide ou de partir ou de rester, il y a forcément une existence à laquelle on tourne le dos. C'est une réflexion sur la fatalité du choix. Avec une thématique d'égale importance sur le déracinement. Ceux qui décident de partir, de s'installer ailleurs, sont inévitablement rattrapés par le spleen apatride. »

Partie jeune du Liban, Maryanne Zéhil est bien placée pour évaluer les conséquences à long terme de l'émigration. « On laisse une partie de soi derrière, dit-elle. Chaque fois que je retourne au Liban, que je retrouve des gens de ma famille, des amis, ça me ramène forcément à la personne que j'étais et que je ne suis plus. La partie libanaise en moi qui ressort de temps à autre, dans des réflexions, des émotions, des sensibilités, ne disparaîtra pas. »

Après trois films dramatiques, la réalisatrice planche maintenant sur « une franche comédie » dont elle a terminé le scénario.

L'autre côté de novembre prend l'affiche le 21 avril.