Le festival du film indépendant de Sundance s'est ouvert jeudi avec la légende du cinéma américain Robert Redford affirmant, dans la foulée de l'attentat contre Charlie Hebdo, que l'événement qu'il a fondé dans les montagnes de l'Utah continuerait à défendre la liberté d'expression.

Les attentats contre le magazine satirique Charlie Hebdo ont constitué un «signal d'alarme» pour la liberté d'expression, a estimé l'acteur américain en ouvrant la 31e édition du festival, dans la station de ski de Park City.

Il a promis que l'événement de 11 jours, qui fait la part belle aux films pointus et parfois provocants par opposition aux grosses machines hollywoodiennes vouées à plaire au plus grand nombre, serait «un endroit sûr» pour les cinéastes indépendants.

«Très clairement, je pense qu'il y a une attaque à la liberté d'expression dans plusieurs endroits, ce n'est pas l'exclusivité de Paris», a affirmé la vedette de The Sting et de The Horse Whisperer lors d'une conférence de presse.

L'attentat de Charlie Hebdo au cours duquel la rédaction de la revue satirique a été prise pour cible par des tueurs jihadistes pour avoir publié des caricatures du prophète Mahomet, est «un événement triste, choquant», a ajouté M. Redford.

«C'est en quelque sorte un signal d'alarme», a-t-il encore estimé à propos de cette attaque qui a fait 12 morts.

«Nous croyons en la diversité, la liberté d'expression est fondamentale pour nous. Vous allez voir ici beaucoup de films qui vont contrarier d'autres gens, mais ça n'est pas grave, c'est ça la diversité», a fait valoir l'acteur de 78 ans.

Quelque 200 films seront projetés jusqu'au 1er février, avec en ouverture What happened, miss Simone?, retraçant la vie de la légende du jazz Nina Simone, et How to change the world («Comment changer le monde») sur la naissance de l'association internationale de protection de l'environnement Greenpeace, ainsi qu'un documentaire sur la vie difficile d'une ancienne championne de gymnastique, «The bronze».

Le festival, que Redford a nommé en référence au classique de 1969 Butch Cassidy and the Sundance Kid voit souvent émerger de futures vedettes du cinéma, ou des titres qui vont faire le tour du monde.

Boyhood et Whiplash, tous deux dans la course pour l'Oscar du meilleur film, ont ainsi été vus pour la première fois il y a un an à Sundance.

Redford de retour à l'écran

Cette année marque par ailleurs le retour à l'écran du fondateur de Sundance, à l'affiche de A walk in the woods, une adaptation d'un livre de l'auteur américain de chroniques de voyage Bill Bryson qui sera projetée vendredi.

Le mythique Robert Redford, dont la carrière avait ralenti jusqu'à son tour de force de 2013 dans All is lost de J. C. Chandor, où il était seul à l'écran pendant tout le film en navigateur naufragé en plein océan, partage cette fois l'affiche avec Nick Nolte et Emma Thompson.

Pour ce film qu'il a coproduit et dans lequel il joue le rôle de Bill Bryson qui entreprend une randonnée sur le sentier des Appalaches, l'acteur espérait à l'origine que Paul Newman, avec lequel il a formé des duos inoubliables dans Butch Cassidy and the Sundance Kid mais aussi The Sting, lui donnerait la réplique.

Mais le projet a mis plusieurs années à aboutir et la santé défaillante de Newman en a décidé autrement: l'acteur aux yeux bleus les plus célèbres de l'histoire du cinéma est mort en 2008.

Plusieurs films sont particulièrement à suivre cette année notamment Going clear sur la secte de la scientologie, Last days in the desert où Ewan McGregor incarne Jésus et le diable, ou encore Z for Zachariah avec Chris Pine, Chiwetel Ejiofor (Twelve years a slave) et Margot Robbie (The Wolf of Wall Street).