Il est des films dans lesquels on pourrait penser qu’il ne se passe rien. Et pourtant, chaque plan, chaque scène s’imprime profondément dans l’esprit du spectateur, porteuse d’une vérité, rendue par on ne sait quel miracle de la mise en scène. C’est à cette catégorie de films que prétend Un amour de jeunesse.



Les scènes d’ouverture ne cherchent pas à mettre en contexte, le spectateur est plongé, in medias res, dans les situations ordinaires du couple formé de Sullivan et Camille. Les deux adolescents à la campagne, la baignade, l’amour, les larmes de la jeune fille qui entrevoit l’abandon de son amant. Les paroles sont rares, le son difficile à saisir, une lenteur et une quotidienneté assumées s’installent.




On pense au cinéma de Rohmer, et aussi à Pialat. À nos amours est sans doute une inspiration pour la réalisatrice Mia Hansen-Løve, et l’actrice principale, Lola Créton, n’est pas sans rappeler la jeune Sandrine Bonnaire du film de Pialat: d’une féminité sauvage, adolescente farouchement décidée à ne pas accepter le monde tel qu’il est. Le montage reprend d’ailleurs la manière du cinéaste de Sous le soleil de Satan, les ellipses temporelles créant un rythme particulier, sans autre forme d’explication.

Les années passent et le film avançant donne une certaine ampleur au jeu de l’actrice, tout entière repliée dans un monde intérieur où continue de vivre son amour perdu. C’est la contemplation de cette jeune fille devenant une femme qui occupe toute l’attention de la caméra. Une perte de l’innocence filmée avec une grande honnêteté, mais qui laisse le sentiment d’une certaine vacuité.

__________________________________________________________________

* * *


Un amour de jeunesse. Drame de Mia Hansen-Løve. Avec Lola Créton, Sebastian Urzendowsky et Magne Havard Brekke. 1h50.