Après Monica la mitraille, Jacques Mesrine et Marcel Talon, voici l’Ontarien Edwin Boyd, qui s’ajoute au petit bottin des pilleurs de banque notoires qui ont sévi en terre canadienne et qui ont fait l’objet d’une fiction biographique au cinéma.







Ces brigands de légende ont tous en commun qu’on ne peut, connaissant leurs tourments personnels généreusement documentés, les haïr comme de vulgaires malfrats. Ils ne sont pas d’authentiques « méchants » : de nobles pulsions les auront poussés au crime plus que le simple et vil appât du gain.




Edwin Boyd est de ceux-là. Vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, ce père de famille, chauffeur d’autobus lassé par cet emploi sans éclat et peu payant, laisse tout tomber et s’improvise voleur de banque pour offrir à sa petite famille un minimum de luxe. Sans excès de violence, il braque les banques de quartier et rapporte à la maison des liasses inespérées, au grand bonheur de sa femme, qui croit vraiment que son mari s’est trouvé un boulot de « comédien ».




Boyd sera vite traqué par la police et envoyé derrière les barreaux. Il n’y restera qu’un temps avant de prendre la fuite avec quelques complices. Libérés, ces bandits sympathiques feront équipe et dépouilleront les coffres-forts de plus belle, peaufinant leurs techniques de braquage d’un larcin à l’autre. Le Boyd Gang fera les manchettes partout au pays. Mais l’euphorie n’aura qu’un temps, car on sait tous que le crime ne paie pas.




Écrit et réalisé par Nathan Morlando, qui signe ici son premier long métrage, Edwin Boyd propose donc un personnage de héros tragique, admirablement interprété par Scott Speedman (Michael Corvin dans Underworld). Comme c’est souvent le cas des fictions biographiques « inspirées de faits réels », le film peut faire penser à l’une ou l’autre de ces luxueuses séries télévisées qu’on diffuse sur les réseaux spécialisés.




Soigneusement mis en scène, tourné en bleu-gris crépusculaire, le film, généralement captivant, s’étire en vain, n’offrant plus dans la dernière demi-heure qu’une succession d’épilogues sabotés. Dommage. Mais on y découvre un personnage fascinant, peu connu ici.

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Drame de Nathan Morlando.


Avec Scott Speedman, Kelly Reilly, Kevin Durand.


1 h 45.