On ne pourra reprocher à Thomas Ngijol et Fabrice Éboué de manquer d’ambition ni de culot. Les deux humoristes, piliers du Jamel Comedy Club de Jamel Debbouze, se lancent dans le cinéma en portant une triple casquette. Ils ont écrit Case départ, le coréalisent avec Lionel Steketee, troisième larron croisé dans le sillon de Michaël Youn (Fatal), et ils en sont les têtes d’affiche.



On ne pourra pas non plus accuser le tandem d’avoir froid aux yeux. Tenter de faire rire avec un sujet aussi douloureux que l’esclavage n’est pas une mince tâche. Leur pari n’est pourtant remporté qu’à moitié. Si certains gags font mouche, force est de constater que Case départ est une comédie lourdingue. Les deux lascars ont beau tout tenter pour amuser la galerie, il est bien difficile de passer par-dessus l’horreur de certaines situations décrites pour ensuite s’en amuser.

Ainsi, Ngijol et Éboué nous proposent une sorte de Visiteurs à l’envers. Le récit mise sur les anachronismes, à la différence qu’ils découlent cette fois d’une époque du passé dans laquelle sont transplantés les protagonistes. On met aussi en relief l’affrontement de deux visions du thème de l’identité dans la société française moderne en rassemblant pour une leçon d’histoire deux demi-frères que tout oppose.

L’un (Thomas Ngijol) avait jusque-là imputé tous ses malheurs à la France «raciste» du XXIe siècle; l’autre (Fabrice Éboué) se targuait d’être un «modèle» d’intégration, allant même jusqu’à pratiquement renier ses origines. Appelés au chevet d’un père mourant qu’ils n’ont pratiquement jamais connu aux Antilles, Joël et Régis ne reçoivent pour tout héritage que l’acte d’affranchissement ayant rendu la liberté à leurs ancêtres esclaves, un parchemin transmis de génération en génération. En déchirant le document par dépit, les frangins soulèvent la colère d’une vieille tante un peu sorcière. Le temps d’un écran de fumée, les deux hommes se retrouvent à demi nus sur une place publique, vendus comme esclaves, catapultés en 1780.

Visiblement, les deux humoristes ont voulu mettre en lumière les clichés les plus éculés pour en faire ressortir le côté bête et dérisoire. Un malaise s’installe pourtant. Tout le monde en prend pour son grade. La mise en scène, carencée sur le plan du rythme, ne casse rien non plus.




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Comédie réalisée par Thomas Ngijol. Fabrice Éboué, Lionel Steketee. Avec Thomas Ngijol, Fabrice Éboué. 1h34.