Il faut croire que Roger Allard était destiné à voir son nom associé à la... Allard J2X, un bolide britannique des années 50. Sa voiture, exposée au dernier Salon de Montréal, a été l'une des plus appréciées du public. Pour la très grande majorité des visiteurs, sa création - la Allard J2X MkII - a été une véritable découverte. Pourtant, ce roadster sillonne les routes du Québec depuis 10 ans déjà. Petite histoire d'une renaissance.

Il y a 11 ans, Roger Allard a ressuscité la voiture de sport en construisant une reproduction fidèle du bolide baptisé Allard J2X MkII (MkII pour marque 2). Née en 1951, la Allard J2X a été produite à 83 exemplaires et a roulé sur les circuits européens et nord-américains de l'époque avant de disparaître en 1954.

 

Roger Allard - qui n'a aucun lien de parenté ou autre avec la famille britannique - a acquis les droits de cette voiture en 1999. «Ce n'était pas la première fois que la famille Allard était sondée», précise Roger Allard. Devant le sérieux du projet de ce dernier, le fils de Sydney Allard -le designer de l'auto alors décédé - a donné son aval. Le Club des propriétaires de Allard en a fait de même et a permis d'inscrire les futurs exemplaires de la voiture au registre des Allard. Un registre qui délivre des numéros de série exclusifs. «Cela a beaucoup de valeur d'être dans le registre d'une marque; cela donne beaucoup de crédibilité», commente M. Allard, qui détient le titre de propriété intellectuelle de la marque 2 (MkII).

 

Modifiée et personnalisée

 

Depuis ce temps, sept exemplaires de Allard J2X MkII ont vu le jour et trois autres sont en construction dans les ateliers de Boucherville et de Champlain, dans l'État de New York. L'entreprise née de cette aventure, Allard Motor Works, livre partout dans le monde dans un délai de cinq à six mois. Car ces Allard J2X modifiées sont entièrement faites à la main par des artisans québécois. «Juste la calandre en aluminium nécessite 34 heures de travail», dit Roger Allard. Acier, matériaux composites et acajou sont utilisés.

 

Des modifications et des améliorations ont évidemment été apportées au modèle original des années 50. Le banc a laissé place à deux sièges en cuir, l'habitacle a été personnalisé, le centre de gravité a été réduit, les suspensions sont indépendantes et les amortisseurs ajustables, le coffre et son ouverture ont été agrandis, les ailes élargies. «On a reconstruit un châssis de performance pour donner à la voiture un maximum de rigidité. Son empattement de 106 pouces donne un stabilité incroyable à haute vitesse», ajoute M. Allard.

 

Celui qui a travaillé auparavant dans les communications et le marketing n'a pas lésiné sur la sécurité: barres d'impact dans les portes, plancher d'acier, arçon de sécurité derrière chaque siège ainsi que devant le cockpit sous la carrosserie. «Ma philosophie est de construire la voiture la plus sécuritaire sans modifier son design.» Chaque exemplaire est testé sur 240 km.

 

Sous le capot, trois moteurs Chrysler au choix (de 360 à 600 CV): deux HEMI de 5,7 litres et 6,1 litres et un RamJet 350. Le bolide d'aujourd'hui passe de 0 à 100 km/h en 4,2 secondes. Tout de même.

 

Le prix de base? 145 000$. La passion, ça n'a pas de prix, non?