À l'instar de ses contemporains comme Carroll Shelby et John Cooper, Carlo Abarth possédait le génie de la mécanique, un don précieux qui lui a permis de créer des mécaniques de pointe à partir de machines aussi simples que modestes.

Après avoir exercé son art sur une multitude de Fiat, Abarth s'est aussi servi des françaises Simca pour créer d'impressionnants petits bolides qui ont pu rivaliser avec des machines bien plus puissantes. Il a même collaboré avec son ancien associé, Porsche, en créant la Porsche Abarth sur une base de Porsche 356B. Seulement 20 voitures ont alors été carrossées et allégées par Abarth. Elles comptent aujourd'hui parmi les Abarth les plus prisées.

 

Abarth s'est adressé aussi à plusieurs carrossiers italiens pour créer, sur des plateformes de grande série, des modèles à faible diffusion pratiquement tous axés sur les performances. Souvent habillées de carrosseries en aluminium, ces petites sportives étaient animées par des moteurs performants logés à l'arrière. Leur poids plume, leur très grande maniabilité et une tenue de route aiguisée par le «sorcier» les ont rendues très compétitives.

Malgré la multitude de variantes qui garnissaient le catalogue Abarth dans les années 60, ce sont les dérivés de la Fiat 600 qui sont les plus visibles et les plus nombreux.

L'Abarth du chroniqueur

Ayant commencé mon parcours d'automobiliste au volant d'une vieille Fiat 600, affectueusement surnommée Fifi, je m'étais promis de me procurer un jour une Abarth de course dérivée de la Fiat 600. Ce jour est arrivé en 2001, quand j'ai découvert sur eBay une 850 TC 1964, propriété d'un «rouge» authentique du nom d'Umberto Toscano, un résidant du Colorado.

Umberto avait donc préparé cette voiture pour les courses historiques et s'en était servi pendant quelques années. Souhaitant passer à autre chose, il a décidé de se séparer de sa Fiat Abarth même si sa femme et ses deux fils s'y opposaient, par affection pour la petite chose. Mais l'affaire s'est conclue et au printemps 2002, la Fiat Abarth à portes «suicide» a enfin posé ses belles roues en alliage de magnésium en sol québécois.

Je vous fais grâce des péripéties - assorties de ponctions successives et respectables dans mon portefeuille - de la bouboule rouge. Contentons-nous de préciser que tout y est passé, depuis le châssis, qu'il a fallu renforcer par crainte de voir la voiture se démantibuler, jusqu'au moteur fissuré (merci Umberto) et à la boîte de vitesses qui, un jour, a craché toutes ses dents.

Mais, puisqu'il s'agit d'une voiture ancienne et, de surcroît, d'une voiture de course, la patience est de rigueur. Il faut respirer par le nez, comme on dit, se donner le temps d'acquérir une connaissance intime de la chose avant de pouvoir espérer en faire une monture fiable. D'ailleurs, comme le savent la plupart des «mordus», il paraît que ça fait partie intégrante du plaisir. Peut-être sommes-nous un peu masochistes (n'est-ce pas, Éric LeFrançois?). Peu importe, tant que la passion y est!

Ainsi révisée, renforcée, modifiée, bichonnée et 100 fois maudite, l'Abarth du chroniqueur se balade de circuit en circuit depuis 2002 et parvient, petit à petit, à terminer ses courses et à se payer même le luxe de concurrencer quelques autres anciennes, procurant à son propriétaire-mécanicien-pilote une intense satisfaction. Mais, de grâce, ne cherchez pas à savoir le nombre d'heures qu'il passe dans, sur et sous la valeureuse Abarth... Vous risquez de le déprimer!

La renaissance après l'oubli

Quant à la marque Abarth, elle a sombré graduellement dans l'oubli après la mort de son créateur, en 1979. Dès 1971, la marque avait été reprise par Fiat mais, sans la fougue et le sens du risque de Carlo, Abarth ne voulait plus dire grand-chose. Ajoutons à cela le début d'une période difficile pour le constructeur italien et l'industrie automobile en général, et vous comprendrez pourquoi le Scorpion était presque disparu des mémoires. Presque mais pas tout à fait car, avec la récente embellie que vit Fiat, dopé par la totale suprématie de Ferrari, l'une de ses marques, et la renaissance des Maserati et Alfa Romeo, le temps est venu de dépoussiérer le Scorpion, devenu l'an dernier membre à part entière du Groupe Fiat.

Partout dans la presse automobile, on parle à nouveau d'Abarth. Si les plus vieux s'en souviennent, les plus jeunes découvrent la marque du scorpion. Et selon les nouvelles qui nous parviennent d'Europe, ils sont séduits par la belle bouille du petit Scorpion, qui promet de faire à nouveau concurrence à son adversaire d'antan, la Mini. Et si cette craquante nouvelle 500 Abarth devait un jour atterrir chez nous, je vous promets qu'il y aura une troisième Abarth dans le garage du vieux chroniqueur!

DANS LE RÉTROVISEUR DE LA FIAT ABARTH 1000 TC 1964 :

Type : miniberline de compétition, deux portes, moteur arrière

Empattement / Longueur / Largeur / Hauteur (cm) : 200 / 353 / 142 / 130

Poids : 515 kg

Moteur : quatre cylindres, 1050 cc, 80 ch à 7500 tr/min

Transmission : propulsion, boîte manuelle quatre vitesses, rapports rapprochés,

différentiel autobloquant

Suspensions : indépendantes, ressort transversal à lames à l'avant, ressorts

hélicoïdaux à l'arrière

Freins : disques non assistés

Pneus : 185/60 x 13

Vitesse de pointe : 160 km/h