Le salon de Detroit, premier grand rendez-vous de l'année pour l'industrie automobile, a ouvert ses portes lundi, pour les journalistes. Mais a-t-il toujours le même prestige?

Destinées entre autres à faire rêver le commun des mortels, les marques automobiles de luxe ne rêvent manifestement pas de Detroit. On savait la ville de l'auto loin d'être un modèle touristique, mais quand même. La tendance se maintient: les marques d'exception préfèrent l'Europe, plus «glamour», alors que les constructeurs asiatiques se font discrets, quand ils ne sont pas carrément absents du salon.

Avec le premier grand rendez-vous automobile du calendrier, le constat est le même depuis un certain temps: bien qu'incontournable, le salon de Detroit ne jouit plus d'un immense intérêt marketing.

Encore une fois, les marques de prestige ne sont pas au Cobo Center. Aston Martin, Ferrari, Lamborghini et Rolls-Royce ne s'y reconnaissent manifestement pas. Jaguar et Land Rover ont préféré New Delhi cette année, influencés il est vrai par la maison mère Tata Motors. Lotus et Fisker boudent également le Michigan, notamment le second qui a d'autres chats à fouetter (problèmes de production).

Les seules marques de prestige présentes à Detroit doivent leur participation à leur statut de filiale parfois moribonde: Bentley, qui donne des cheveux gris à Volkswagen; Maybach, récemment condamnée à mort par Daimler AG; Maserati, présente grâce au retour de Fiat; et Porsche, que VW ramène depuis deux ans.

Pour les trois grands américains

À ces absences de marque se greffe la très grande discrétion des constructeurs asiatiques. Une habitude à Detroit. Suzuki et Mitsubishi ne voient toujours pas l'intérêt d'y être. Les Chinois sont totalement absents cette année alors que BYD était le seul représentant du plus grand marché émergent l'an dernier. Mazda, Subaru, Kia et Infiniti n'ont rien à dévoiler à Detroit. D'ailleurs, environ le tiers des constructeurs sont là pour faire de la figuration. Les autres réservent-ils réellement des surprises? La direction du salon a annoncé près de 40 premières mondiales, une dizaine de plus que l'an dernier. Mais de ce nombre, beaucoup de nouvelles versions, d'études de style et autres prototypes.

«Comme plusieurs constructeurs, on commence à regarder d'autres salons comme ceux de New York et de Los Angeles. Detroit est un salon pour les trois grands américains», dit Amyot Bachand, porte-parole de Subaru Canada, pour expliquer la discrétion de son constructeur. Un avis partagé depuis quelque temps par les journalistes automobiles. «On cherche à conquérir les marchés de la côte Ouest», observait déjà l'an dernier notre confrère Éric LeFrançois. Illustration, Mitsubishi dit se concentrer sur ses marchés clés alors que les derniers lancements de ses nouveaux produits «concordaient avec les salons de Los Angeles et de New York», affirme du même souffle la direction nord-américaine.

Le salon de Detroit fait face aujourd'hui à une autre concurrence, celle du Consumer Electronics Show (CES), à Las Vegas. Cette année, pas moins de 10 marques automobiles seront aux côtés des plus grands de l'électronique et de l'informatique. C'est au Nevada que Ford a dévoilé en primeur mondiale sa Focus électrique l'an dernier. Ce salon d'accessoires est jugé «intéressant et donne une bonne visibilité», explique Amyot Bachand. Sans compter que les moyens de communication à bord des véhicules justifie de plus en plus la présence du milieu automobile à ce rendez-vous.

Le CES s'ouvre quand? Mardi. Vingt-quatre heures après Detroit.

Photo archives AFP

Le salon de Detroit fait face aujourd'hui à une autre concurrence, celle du Consumer Electronics Show, à Las Vegas. Cette année, pas moins de 10 marques automobiles seront aux côtés des plus grands de l'électronique et de l'informatique.