S'il existe une espèce d'automobilistes singulièrement honnie de tout le monde, c'est hors de tout doute ces conducteurs étiquetés comme «les casquettes à l'envers». Je partage d'ailleurs cette aversion collective de cette bande d'écervelés qui écument les routes de la province en se croyant au volant d'un jeu vidéo.

Cela rend encore plus incompréhensible mon attitude pendant la semaine au cours de laquelle j'ai fait l'essai de la Volkswagen GTI. Cette satanée voiture a fait de moi un terrible délinquant, me poussant à commettre les pires bêtises, ensorcelé par le concentré de performances et d'amusement qui monte à bord d'une GTI. Quelle terrible tentatrice? En vérité, je n'ai pu m'empêcher à quelques reprises d'endosser la terrible identité de ces conducteurs irresponsables qui se dirigent tout droit vers le cimetière...

 

J'avais 20 ans

 

Avec ses 200 chevaux, sa direction vive comme le discours de Louis-José Houde et sa grande prédilection pour les routes tordues, elle déclenche chez vous une dépendance dont on ne peut se défaire avec une simple Nicorette. Je me revoyais à 20 ans au volant de la Mini que j'avais acheté à mon épouse, mais dont j'étais le seul conducteur tellement cette trottinette me donnait du plaisir au volant. La GTI est de la même école, avec 50 ans de progrès techniques à son compte par rapport à la légendaire création anglaise de M. Issigonis.

 

Si le moteur de 2 litres à injection directe possède un tel bagout et qu'il affiche fièrement les 100 chevaux au litre, c'est grâce à la présence d'un turbocompresseur dont l'autre avantage est de bien cacher, par sa transparence, le seul contretemps de la suralimentation. Pas de temps de réponse détectable, pas d'effet de couple indomptable et une puissance disponible instantanément sur les trois premiers rapports d'une boîte manuelle qui en compte six. Sur les rapports supérieurs, VW a voulu privilégier l'économie au détriment de la puissance. Cela se traduit par un régime inférieur à 3000 tours autant en cinquième qu'en sixième ou encore par une consommation de 7,5 litres aux 100 km sur route, qui grimpe à 11 litres en ville pour se fixer à 8,5 litres en moyenne. Le seul sacrifice est qu'il faut prévoir de rétrograder d'au moins deux rapports au moment de doubler un autre véhicule.

 

Licence aux excès

 

Certains pourront maugréer aussi sur la difficulté d'enclencher la marche arrière, qui oblige à pousser le levier de vitesse et à le déplacer à gauche et vers l'avant. La cure possible s'appelle DSG pour «Direct Shift Gearbox», une automatique d'une rapidité foudroyante commandée par des palettes sous le volant et offerte en option.

 

Si la GTI ouvre la voie à tant d'excentricités, c'est par son comportement routier agréablement survireur, sa maniabilité hors du commun exacerbée par son habileté à se loger rapidement dans les plus petits espaces libres et par des accélérations soudaines, sinon spectaculaires. Détail amusant, on a l'impression d'atteindre les 100 km/h plus rapidement que l'annonce le chrono de 6,5 secondes. Malgré une personnalité sportive pointue, la GTI garde un certain confort, saufs évidemment dans ces trous béants que nous appelons poliment des nids-de-poule. Dans la version 3 portes mise à l'essai, il faut savoir que la voiture est pratiquement une 2+2 tellement la banquette arrière est inhospitalière et pénible d'accès. Une autre petite gêne vient du fait que cette VW est assez baladeuse dans la neige, ce qui n'a rien d'étonnant avec autant d'ardeur sous le capot.

 

Et la fiabilité?

Puisqu'il ne saurait être question de Volkswagen sans causer de fiabilité, la GTI essayée avait trop peu roulé pour que l'on puisse rendre un verdict à ce chapitre. Chose certaine, la caisse est solide et exempte de tout bruit suspect. Et on nous sert aussi la rengaine que les voitures sont plus soigneusement construites que par le passé.

 

Avec ses roues en alliage brillant enfermant des étriers de frein rouge, la voiture a bonne mine même si je n'arrive pas facilement à distinguer ce qui caractérise cette version rajeunie par rapport aux Golf des dernières décennies. Une évolution sans révolution dit-on dans certains communiqués. L'intérieur est joliment présenté avec son volant à méplat fileté de rouge, son pédalier métallisé et ses magnifiques sièges en tissu à motifs écossais qui vous clouent sur place, comme il se doit.

 

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Mine de rien, cette Volkswagen GTI est un concentré de haute performance et d'agrément de conduite.

30 000$ de plaisir

 

Si vous avez peur de succomber aux excès que la Volkwagen GTI engendre chez des conducteurs habituellement disciplinés, il vaudrait peut-être mieux vous en tenir à la version ordinaire, qui vous fera épargner environ 7000$ en plus d'un bon nombre de contraventions. Même équipée de la transmission automatique, elle reste très alerte et dispense un plaisir au volant que peu de sous-compactes sont en mesure d'offrir. À un prix d'environ 30 000$, la GTI n'est pas l'aubaine de la semaine, mais elle est capable d'éclipser bien des voitures de sport tout en faisant fuir toutes vos inhibitions, ce qui n'est pas sans comporter un certain nombre de risques.

 

Vous voilà prévenu!

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

L'intérieur de la GTI diffère des autres par ses sièges en tissu à motifs écossais et par son volant à méplat serti d'un fil rouge.