Pendant que l'on s'émerveille devant les étincelants prototypes qui meublent les divers salons automobiles, il existe ici même au Québec une voiture tout aussi unique et resplendissante que ces créations sans avenir souvent dépourvues de toute mécanique.

Voyez nos photos de la Triposto

Il s'agit de la W3 Triposto, un roadster trois places (d'où son nom) qui est non seulement parfaitement mobile, mais qui possède de surcroît des performances hors du commun. Conçue par le Dr. Clyde Kwok, la voiture a été construite par une équipe de spécialistes incluant le carrossier Francis Cardolle, le designer Steven Lee, l'ingénieur Stepan Mouradian et quelques autres collaborateurs chapeautés par le promoteur Hugh Kwok, le fils de l'instigateur de ce projet ambitieux.

Un centre d'attraction

L'aspect le plus surprenant de cette aventure est que la Triposto n'a subi que quelques modifications depuis sa première apparition sur scène il y a près de 10 ans. C'est là l'indice d'un design avant-gardiste et indémodable qui continue à retenir l'attention chaque fois que la voiture se pointe quelque part.

À mi-chemin entre un bolide de course et un roadster sport, cette création québécoise a été dévoilée dans La Presse au printemps de 1998. D'abord offerte à un prix d'environ 100 000 $, une seule Triposto a trouvé preneur jusqu'ici, mais les responsables du projet n'ont jamais jeté l'éponge pour autant. Plusieurs prototypes ont été fabriqués, ce qui a permis d'épurer le design et de peaufiner certains aménagements. Il faut préciser que la voiture, dans sa première mouture, ne possédait pas de pare-brise, mais seulement un petit déflecteur («saute-vent») comme on en trouve sur les voitures de course. Le plus récent modèle, la W3, s'enrichit d'un pare-brise rétractable d'un design particulièrement ingénieux.

Une mécanique Porsche

Les voitures de la famille Kwok ont toujours fait appel à une mécanique provenant de divers modèles Porsche. Les versions destinées uniquement à la route sont pourvus d'un moteur et d'une boîte de vitesses hérités des 911 du début des années 90 alors que ceux construits pour la compétition utilisent la plate-forme et le moteur 6 cylindres à plat de 3,6 litres de la Porsche Cayman S implanté au centre du châssis et développant environ 320 ch. Ce chiffre peut sembler modeste, mais il faut savoir que la voiture est considérablement plus légère que sa cousine allemande. Grâce à l'utilisation de matériaux composites ultralégers (aluminium, fibre de verre, kevlar et fibre de carbone), la carrosserie a abandonné près de 400 kg. Il suffit d'examiner la Triposto pour noter le soin apporté aux moindres petits détails. L'ultime expérience cependant est de s'installer au volant et de s'élancer sur une piste de course.

C'est d'ailleurs la vocation première de cette voiture qui peut néanmoins se prêter à une utilisation occasionnelle sur la route. L'accès à bord est un peu laborieux en raison de la position centrale du poste de pilotage. Une fois en route toutefois, on ne tarde pas à afficher un large sourire.

 

Les accélérations sont assez phénoménales, une performance attribuable à un excellent rapport poids puissance et à des rapports de boîte de vitesses plus courts que ceux de la Porsche Cayman S. Le freinage et la tenue de route sont aussi les bénéficiaires de ces transformations tandis que la maniabilité en virage ne cesse d'étonner.

En dépit de son originalité, de son unicité et de sa qualité de construction, la W3 Triposto a du mal à trouver preneur, surtout en cette période de vaches maigres. Hugh Kwok n'en demeure pas moins optimiste et fait preuve d'une fierté pleinement justifiée. En attendant ses premiers clients, il inscrira sa W3 Triposto à plusieurs courses automobiles l'été prochain afin d'en faire la promotion et de démontrer sa supériorité.

Photo Jacques Duval, Collaboration Spéciale

La W3 Triposto