Je vous prie de me croire, la nouveauté ne collera pas très longtemps aux flancs de la carrosserie des nouveaux modèles 2012. D'ici peu de temps, plusieurs tomberont en désuétude. Ou presque.

Qui se souviendra de tel ou de tel modèle dans quelques semaines ou quelques mois, lorsqu'un autre, plus performant, plus joli et plus avant-gardiste encore, fera son entrée sur le marché? Soyez assuré qu'il y en aura un. C'est dans la nature de cette industrie: démoder ce qu'elle vient de créer pour susciter de nouvelles envies. Nous pourrions écrire la même chose au sujet de l'informatique. Ou de la mode. La nouveauté de demain s'annonce toujours meilleure que celle d'aujourd'hui. Le modèle X vous intéresse, mais dans quelques heures, dans quelques jours, vous découvrirez le modèle Y qui, lui, fera son arrivée le printemps prochain. Ça donne envie d'attendre, non? Toujours démoder pour mieux vendre.

Cela démontre bien que le phénomène de la voiture «papier-mouchoir» existe. Seule différence, on ne la jette pas après usage. On la refile au suivant. Mais cela a un coût. Plus pour le consommateur, qui doit composer avec une forte dépréciation, que pour le constructeur.

Cela n'a pas toujours été le cas. Cette politique du renouvellement des modèles à outrance a déjà coûté extrêmement cher aux constructeurs. Plus maintenant.

L'art de créer des clones

Aujourd'hui, tous maîtrisent admirablement bien l'art de créer des clones grâce à la stratégie commune des plates-formes. Pratiquement toutes les marques collent à cette réalité. On partage les mêmes groupes motopropulseurs - en prenant bien soin de reprogrammer la cartographie pour échelonner la puissance entre les différents modèles - et les mêmes châssis - en modifiant cette fois la silhouette, la dimension des pneus ou encore la résilience des ressorts, des amortisseurs ou des coussinets des éléments suspenseurs. Une seule base technique sur laquelle sont assemblées des tôles qui ne se différencient à peu près que par leur galbe. Mais la différence est avant tout comptable, puisque la plate-forme unique permet de réaliser d'étonnantes économies d'échelle. Reste ensuite à habiller, selon le blason de la marque et le statut social qu'il confère. Voilà, le tour est joué!

Attention: ce «copier-coller» est plus complexe encore qu'il n'y paraît. Parfois, il dépasse les frontières et amène des concurrents à collaborer entre eux. Depuis la crise financière, la porte est grande ouverte à la collaboration. Tout est à vendre. On retrouve depuis un certain temps déjà des moteurs conçus par la française Peugeot chez Mini, la technologie hybride de Toyota chez Ford et, pendant un temps, aussi chez Nissan. Demain, Mercedes partagera l'architecture de sa Classe B avec Infiniti et, si Dieu lui prête vie, Saab déposera des mécaniques BMW sous le capot de ses véhicules. Cette collaboration permettra aux constructeurs d'épargner gros sur la recherche et le développement tout en leur permettant de consacrer des sommes plus importantes encore au design (multiplication des formes) et à la mise en marché.

Une planète où tout le monde a (sensiblement) la même voiture est en train de naître. Et personne n'a l'air de s'en rendre compte.

Photo fournie par Mini

La dernière née de Mini, la Cooper Coupe, illustre bien notre propos. Elle partage tout - moteurs, boîtes de vitesses, châssis - avec les autres produits de la marque anglo-germanique.