Si l'on prête foi aux chiffres communiqués par l'industrie ces derniers mois, les consommateurs ont retrouvé un semblant d'appétit pour la chose automobile. Mais, pour la très grande majorité des constructeurs - ceux qui restent -, la route est encore longue avant de renouer avec l'embellie des dernières années.

Certes, l'année 2009 se termine mieux qu'elle n'avait débuté pour ce secteur d'activité. Rappelez-vous, il y a un an à peine, les constructeurs révisaient presque quotidiennement et de façon encore plus pessimiste leurs prévisions les plus sombres de la veille. Certains sont momentanément tombés en panne, mais seulement quelques-uns ont été en mesure de redémarrer, laissant des marques, des usines, des concessionnaires et des familles sur la voie d'accotement.

 

Aujourd'hui, les géants de l'automobile constatent que, dans certains marchés, la situation ne se dégrade plus. Seulement, elle demeure mauvaise. C'est un début. Pas une fin. Stimulée ces derniers mois par les primes à la casse qu'adoptent tour à tour presque tous les pays, à l'exception du Canada, l'auto reprend du mieux, mais demeure convalescente.

 

Malgré cette fin d'année encourageante, les constructeurs ne se hasarderont pas, le mois prochain au Salon de Detroit, à prédire un marché positif en 2010. Et pour cause, ils n'ont pas encore mesuré les contrecoups des primes (remises, taux d'intérêt, etc.) qu'ils ont accordées ces derniers mois avec l'aide des principaux gouvernements (prime à la casse), lesquelles leur ont permis de gonfler artificiellement leurs ventes. En d'autres mots, ces incitatifs ont devancé des achats, ce qui n'augure rien de bon pour les mois à venir.

 

Mais là n'est pas la seule raison qui pourrait pousser le consommateur à différer l'achat d'un véhicule neuf au cours de la prochaine année. D'une part, il veut s'assurer que les produits que l'industrie lui proposera refléteront bien ses attentes. Et d'autre part, facteur sans doute plus important qu'il n'y paraît, il a besoin de la nouveauté. C'est elle, et elle seule, qui suscite les convoitises et qui lui fait dire: «Oui, je la veux.» Et dans ce domaine, l'industrie a peu de raisons de klaxonner bruyamment ses futures réalisations. Bien que certains constructeurs soutiennent que la crise n'a pas bouleversé la commercialisation de leurs futurs nouveaux modèles, il faut aussi rappeler que d'autres, moins nantis, n'ont pas tardé à jeter l'éponge.

 

Alors, entre coups de bluff, créations bêtement mercantiles et fausses nouveautés devant rafraîchir un modèle connu, il y a tout lieu de se demander si les portières de l'automobile de 2010-2011 demeureront closes aux vraies créations, celles qui ont du sens, celles qui excitent le consommateur avec d'authentiques arguments. Réponse dans un an.

 

Photo AFP

Saab avait encore son kiosque au Salon de l'auto de Detroit, en janvier dernier. Mieux encore, le constructeur y avait exposé un véhicule concept, le 9-4X.