À voir le classement des nouvelles les plus lues du site monvolant.ca au cours de la dernière semaine, la Formule 1 et tout ce qui gravite autour occupe le haut du pavé. Il y a eu le grave accident de Felipe Massa, son remplacement inattendu par Michael Schumacher et, bien sûr, le retrait de BMW de la compétition reine du sport automobile.

Comme la Fédération internationale de l'automobile (FIA), aucun amateur n'a véritablement été surpris de cette annonce, «surtout dans une période où la survie des grandes marques automobiles repose sur les licenciements, les fermetures d'usines et le soutien des contribuables». Mais on sait aussi qu'un grand constructeur monte son projet F1 et le détruit aussitôt ses objectifs atteints ou pas. Voilà qui donne raison au président de la FIA, Max Mosley, qui, depuis des années, milite en faveur d'une réduction des coûts en F1 dans l'espoir de faire renaître l'époque où des artisans géniaux régnaient sur la discipline.

 

Il y a quatre ans, le constructeur bavarois tenait pourtant un tout autre discours. En rachetant l'écurie Sauber, BMW disait ne pouvoir se passer de la vitrine planétaire - avec ses quelque 50 milliards de téléspectateurs - qu'offre le championnat du monde de Formule 1. Au bout du fanion à damier noir et blanc de la victoire, il y avait le consommateur. BMW - comme tous les constructeurs engagés dans cette discipline - était convaincu que la F1 pouvait l'aider à gagner des parts de marché. Et le constructeur bavarois voulait aussi gagner sous ses propres couleurs et non en tant que motoriste. Il y est parvenu, juste une fois, sur le circuit Gilles-Villeneuve l'an dernier. Depuis, plus rien.

Officiellement, la décision résulte «de la nouvelle direction stratégique de notre entreprise», soutient Norbert Reithofer, le patron de BMW, cité dans le communiqué officiel. «Nous resterons fidèles au sport automobile, mais nous le ferons dans des compétitions qui nous permettront de réaliser plus directement des transferts de technologie et de faire davantage de synergies». Et d'ajouter: «L'entreprise veut offrir «une image exemplaire et tous les projets doivent désormais passer au banc d'essai de ce qui est durable.» Une citation qui, volontairement ou pas, jette un pavé dans la mare de son concurrent Toyota, chantre de l'automobile verte sur tous les continents. Le numéro 1 mondial de l'auto n'a pas sourcillé, préférant plutôt réitérer son engagement envers la Formule 1. Mais pour encore combien de temps le constructeur de la Prius pourrait-il tenir un double langage: celui de préserver la planète cinq jours par semaine pour mieux la polluer sur les circuits les week-ends?

Par chance pour Toyota et tous les autres constructeurs engagés en Formule 1, BMW nuance sa position en précisant qu'elle ne renonce pas complètement aux sports motorisés. Au contraire, la marque bavaroise compte recentrer ses activités dans des disciplines où le transfert de technologie de la compétition vers la série serait plus direct, plus immédiat. Ce faisant, le constructeur à l'hélice confirme implicitement que la F1 n'enrichit plus technologiquement la voiture de série comme autrefois.

S'il est vrai que la F1 nous a jadis permis de rouler à bord de véhicules plus performants et, surtout, plus fiables, BMW reconnaît aujourd'hui qu'il ne transfère que très peu d'éléments à la voiture de série. Celle-ci en a même tout autant à lui apprendre. La boîte séquentielle, l'antipatinage, l'injection directe d'essence et le système de récupération d'énergie (KERS), pour ne nommer que ceux-là, ont été étalonnés sur nos routes bien avant de faire leur apparition sur un circuit de F1.

Conséquemment, la Formule 1 se résume pour les constructeurs à une communication publicitaire destinée à renforcer leur image auprès des consommateurs actuels et futurs. Et à l'inverse des artisans-constructeurs de la belle époque qui n'avaient d'autre but que de produire des monoplaces, la survie de ces sociétés industrielles ne dépend pas de celle de la discipline, ni de l'intérêt des vrais amateurs de course automobile. Dès lors, les constructeurs devraient revenir à leur véritable vocation industrielle, et s'en tenir au plus à la fourniture de moteurs aux écuries de Formule 1. Ramenez-nous les Tyrrell, Brabham, Surtess, Cooper, Vanwall, et place au sport!