Après des semaines de rumeurs, de tractations, d'alliances, de pertes et de larmes, l'industrie automobile mondiale remet son compteur à zéro. Enfin, on commence à y voir un peu plus clair.

Que réservera-t-on au marché canadien à la suite de chassé-croisé ? Les constructeurs entendent-ils adopter une politique de repli pour mieux se redéployer ensuite, ou s'assureront-ils d'être présents là où ils avaient l'habitude d'évoluer? Les prochaines semaines nous éclaireront davantage, mais il y a fort à parier que le mot d'ordre sera "business as usual". Du moins pendant un certain temps.

Passons à l'autre étape de cette redistribution des rôles, plus intéressante encore: l'ouverture potentielle du marché nord-américain à de nouvelles marques. Sortez vos boules de cristal.

On sait déjà que Scion, la filiale jeune de Toyota, roule en direction du Canada. En effet, dès l'an prochain, les grandes villes canadiennes (Vancouver, Toronto et Montréal) accueilleront les véhicules les plus décalés jamais proposés par le numéro un mondial. Dans la foulée, il est également question du projet de Magna de produire (et de commercialiser aussi?) des Opel au pays. L'équipementier automobile canadien n'a-t-il pas laissé entendre il y a quelques semaines qu'il comptait faire du Canada un "leader dans le domaine du véhicule tout électrique" ? Et que dire de Tesla qui, il y a quelques semaines encore, soutenait son objectif d'entreprendre la commercialisation de ses véhicules à compter de décembre prochain.

Si l'on fait le compte, cela signifie que les produits de deux nouvelles marques (Tesla et Scion) descendront dans nos rues au cours de la prochaine année. Et d'autres pourraient être tentés de les imiter à terme. Parmi eux, on retrouve naturellement des constructeurs chinois, indien et aussi, a appris La Presse, un distributeur privé qui tente notamment de convaincre PSA (Peugeot Citroën) d'effectuer un retour aux États-Unis et au Canada.

Ce nouvel engouement de l'industrie à notre endroit (n'oublions pas que nous sommes catalogués "marché mûr", donc sans réelle possibilité d'expansion) s'explique dans un premier temps par la redistribution des rôles. Une marque comme Pontiac, par exemple, ne prend pas le décor sans laisser des traces de pneus derrière. Pour preuve, sur le marché canadien l'année dernière, elle a écoulé à elle seule 60 996 véhicules neufs. C'est-à-dire l'équivalent (à 287 unités près) des ventes combinées d'Audi (9271), de Mini (4905), de Volkswagen (40 026) et de Volvo (6507). Vers qui ces propriétaires de Pontiac vont-ils se tourner à l'avenir? Vers les constructeurs existants? Ou vers de nouveaux venus?

 

Chose certaine, l'embellie prochaine du marché de l'automobile (ce sont les économistes qui le disent) ouvre une porte chez nous dans laquelle, à ce jour, seule Fiat s'est engouffrée. Qui d'autre? Renault? Peu probable dans la mesure où son alliance avec Nissan lui sert déjà de tête de pont de ce côté-ci de l'Atlantique. Peugeot alors? Pourquoi pas. Pour les raisons évoquées plus haut, mais aussi par les récentes déclarations du groupe automobile français qui se dit prêt "à étudier des rapprochements stratégiques". Avec Mitsubishi, qui collabore déjà avec le constructeur français? Plus au sud, il y a SEAT, aussi, qui lorgne depuis un bon moment déjà le marché américain.

Le constructeur espagnol, membre du groupe VAG (Volkswagen) qui, il y a peu de temps encore, tentait d'offrir certains produits considérés "complémentaires" à la gamme nord-américaine de VW ou encore de s'afficher comme modèles d'entrée chez les concessionnaires Audi.

Pour l'heure, tous ces scénarios s'appuient sur d'hypothétiques boules de cristal. Qu'importe, cela fait du bien de rêver un peu à quelques jours de l'été.

 

Photo Robert Mailloux, archives La Presse

La Scion Fuse.