Si l'on prête foi aux confidences qui ont été recueillies par La Presse auprès de plusieurs dirigeants de constructeurs automobiles, la semaine dernière à Toronto, le consommateur devra débourser davantage pour s'offrir un véhicule neuf à compter du 1er janvier prochain. Info ou intox? Il reste 52 jours pour parier.

Soucieux de maintenir leurs marges pour faire face à la crise, les constructeurs automobiles n'auront «vraisemblablement pas d'autre choix que d'augmenter le prix des véhicules neufs à compter du 1er janvier prochain», a-t-on appris. L'affaiblissement du dollar canadien sur le marché des devises sera certes le principal axe de communication des constructeurs pour justifier cette hausse auprès des consommateurs, mais ce ne sera pas le seul. Cette augmentation permettra de payer aussi d'autres factures que l'industrie a, dans le contexte actuel, de plus en plus de mal à rembourser.

Et elle sera de combien, cette hausse? «Il y a encore pas mal de brouillard dans nos boules de cristal, soutient l'un de nos interlocuteurs, mais elle devrait en moyenne se situer autour de 2,5%», pense-t-il.

L'augmentation des prix coïncidera - surprise! - avec l'élimination de programmes gouvernementaux. En effet, le 31 décembre prochain, le gouvernement fédéral mettra fin à son programme Éco-Auto, tandis que le gouvernement provincial n'accordera plus un remboursement partiel de la TVQ2 aux acheteurs de véhicules hybrides. L'année automobile 2009 s'annonce difficile.

Pas qu'une question de devises

Les constructeurs devront également composer avec la baisse du moral des consommateurs. Il existe une corrélation forte entre l'indice de confiance des consommateurs et les ventes de voitures. Et la confiance diminue... Le ralentissement de l'économie commence à laisser des traces dans les porte-monnaie, les conditions de crédit se durcissent et, bien sûr, le prix du carburant, c'est sûr, s'enflammera de nouveau. «Profitons-en, cela ne durera pas», philosophe Marcel Deschamps, en raccrochant le pistolet de la pompe 4 dans une station-service de l'Ouest-de-l'Île.

À ces - nombreux - facteurs s'ajoute une offre inadéquate» de la part des constructeurs, surtout américains. Mais si GM, Ford et Chrysler menacent à tout moment de déjanter, n'allez pas croire pour autant que les autres roulent sur une chaussée exempte de nid-de-poule. Tenez Toyota par exemple. Le géant japonais a réduit d'environ 60% ses prévisions de bénéfice pour l'exercice en cours. Le résultat opérationnel devrait tomber à son plus bas niveau depuis 13 ans. Dans un communiqué, Mitsuo Kinoshita, vice-président à la direction de Toyota, souligne que c'est «une situation sans précédent. Les marchés automobiles, particulièrement dans les pays développés, se contractent rapidement.» Si Toyota a mal, imaginez maintenant la douleur des autres qui, dans bien des cas, retardent la sortie de nouveaux modèles, faute de liquidités suffisantes.

La crise financière est évidemment montrée du doigt pour expliquer les ratés de cette industrie. Mais ce serait trop simpliste de lui attribuer tous les torts. Les fluctuations déroutantes du prix du baril de pétrole, l'augmentation dramatique des prix des matières premières - principalement de l'acier - ou encore l'entrée en vigueur de nouvelles législations visant à réduire la pollution fragilisent une industrie qui peine à s'ajuster après 10 ans de croissance ininterrompue. Au-delà du retournement cyclique, il est clair que l'on touche aujourd'hui aux limites d'un modèle de développement. L'automobile doit se réinventer.

Donc, considérez tous ces facteurs, combinés à la force ou la faiblesse, c'est selon, des devises, et vous avez là tous les éléments pour comprendre la hausse prévisible du prix des véhicules neufs le 1er janvier. Vous voilà prévenus!