Un inventeur anglais affirme avoir eu une idée qui «pourrait sauver la vie de milliers» de motocyclistes après des accidents de la route: il propose un casque réfrigérant censé augmenter les chances de survie et de guérison des motocyclistes subissant des traumatismes crâniens.

En mai, il va lancer sur le marché anglais le Therma-Helm, au coût de 299 livres (507$) et il affirme que ses ventes à l'exportation augurent bien. Mais il n'est pas certain que ce soit un bon investissement. Malheureusement, l'idée ne repose pas sur une procédure médicale établie, ni sur des preuves scientifiques claires, a dit à La Presse un neurologue.

 

L'idée de Jullian Preston-Powers («inventeur et fervent motocycliste», nous dit un quotidien de Londres) est la suivante: dans certains cas de blessures à la tête, certains médecins appliquent des compresses glacées dans l'espoir de réduire l'enflure du cerveau. Car après un traumatisme crânien, il se produit souvent un afflux de sang qui peut plonger l'accidenté dans le coma, causer des dommages permanents ou même la mort.

 

Une idée (commerciale) de génie

 

Le casque ThermaHelm est fait pour abaisser dès l'impact (et non une heure plus tard aux urgences) la température du cerveau. La structure du casque contient deux flacons collés l'un sur l'autre. Tout impact violent les fait casser: leurs contenus (de l'eau et du nitrate d'ammonium) se mélangent, ce qui entraîne une réaction de froid.

 

«Des compagnies de partout au monde enfoncent notre porte pour commander nos casques, quand ils seront disponibles», dit M. Preston-Powers, cité par le London Daily Mail.

Le journal anglais claironne que «l'extraordinaire casque refroidisseur de cerveau pourrait sauver des milliers de vies chaque année».

 

Le problème, c'est que l'idée de base ne s'appuie pas sur de la science solide.

 

C'est vrai qu'un coup à la tête peut entraîner un afflux de sang au cerveau et c'est vrai que certains médecins essaient parfois de mettre des compresses glacées sur la tête dans l'espoir de prévenir les dommages au cerveau. Mais justement, c'est un espoir. Ils le font souvent dans des situations désespérées, sans la preuve scientifique que ça marche.

 

Une crise cardiaque n'est pas un coup sur la tête

 

La Presse Auto a demandé au neurologue Martin Savard, de nous démêler ça. L'hypothermie thérapeutique (c'est le nom du traitement) consiste à abaisser la température du cerveau entre 32 et 34 degrés Celsius, dit-il. «À la suite d'un arrêt cardiaque, c'est une thérapie reconnue qui peut prévenir les dommages cérébraux; ça marche une fois sur six. Mais à la suite d'un traumatisme crânien, c'est une procédure controversée; on n'a pas la preuve que ça marche», dit le Dr Savard, spécialisé en soins neuro-intensifs à l'Hôpital de l'Enfant-Jésus, à Québec.

 

Une étude clinique publiée récemment dans le New England Journal of Medicine n'a pas permis de démontrer l'efficacité de refroidir le cerveau après des traumatismes crâniens, dit le Dr Savard. «À l'heure actuelle, ce n'est pas un standard médical», dit-il.

 

Cela étant, la médecine n'est pas une science exacte et le Dr Savard dit ne pas pouvoir affirmer que l'idée de base d'un casque refroidissant est fausse (le Dr Savard n'a jamais vu un ThermaHelm et La Presse ne lui a pas demandé de se prononcer sur ses mérites techniques).

 

«Il y a une base scientifique qui permet de croire que mettre du froid peut protéger le cerveau, parfois, à la suite d'un traumatisme crânien. Ça marche chez les souris de laboratoire. Mais il y a plein de choses qui marchent chez la souris et qui ne donnent rien chez l'humain.

 

«Et dans les salles d'urgences, quand on est vraiment mal pris, on le fait dans certains cas, ajoute-t-il. Mais on le fait sur base anecdotique, sans savoir avec certitude si ça marche.»

 

Selon le Dr Savard, une grande étude clinique tenant compte d'un nombre élevé de patients est actuellement en cours et pourrait apporter des réponses plus claires. Il n'y a donc pas de certitude si on fait de la moto et qu'on se demande si on achète un ThermaHelm ou pas.

 

Mais il existe une autre façon de se protéger la tête et le reste du corps sur la route: il s'agit de mettre tout autour de soi un bouclier de métal qui protège le corps tout entier des impacts et que l'on appelle automobile.

 

Mais ça, c'est un débat qu'on fera une autre fois...

 

Source: London Daily Mail